Le Bizetro
« Paris 16e : gentil Bizetro »
On vous a parlé tout récemment de l’aggiornamento du « Moulin à Vent – chez Henri » dans le 5e. Voilà une bonne occasion pour évoquer la maison, plus rustique, certes, mais sans opprobre, du principal actionnaire de la demeure, le joyeux Pierre Parola, alias « Pierrot », casquette vissée sur le crâne, mi-sicilien, mi-aveyronnais, mélange de sagacité ô combien narquoise et de générosité très calculée, qui met de la bonne humeur dans tout ce qu’il touche, sert le coup de blanc (de pouilly fumé) et des rondelles de saucisson au bar, tout en veillant sur ses habitués du quartier – celui de la colline de Chaillot en lisière des Champs-Elysées, comme un curé face à ses ouailles, attentif à ses paroissiens fidèles.
Le décor est éclectique, entre comptoir, zinc, murs de vieilles pierres, tables en bois. Le service est dynamique et l’ardoise du jour renouvelle le bon frichti maison. Salade de hareng (de chez David à Boulogne-sur-Mer) aux pommes tièdes, carpaccio de tête de cochon, céleri rémoulade (qui pourrait être taillé plus fin et mieux assaisonné), oeuf en meurette (qu’on vous sert en lieu et place, on se demande pourquoi, de la daurade du jour, mais tout le monde peut se tromper) sont pleins de verve et de vivacité.
On y ajoute le pavé de rumsteck sauce poivre ou la bonne andouillette grillée, flanquée de sa sauce moutarde et de frites maison moelleuses et craquantes. En saluant la carte des vins sur ardoise et « au bouche à oreille » riche en jolis flacons. On y ajoute les fromages du jour, dont un exquis cantal « entre deux », et le dessert du moment, comme cette tarte pommes/poires à la fleur d’oranger, à la consistance de clafoutis un peu spongieuse, rattrapée in fine par son fringant coulis de caramel. On boit là-dessus le chenas de Rémy Benon à la Chapelle de Guinchay qui fait l’effet d’un élixir de jouvence. Vive la France, le Bizetro et le beaujolais !