Tekés
« Paris 2e : la fête végétale selon Tekés »
On les a aimé chez Balagan et chez Shabour les voilà qui frappent fort. Voilà la même équipe de cuisiniers israéliens (Dan Yosha, Assaf Granit, Uri Navon) et leur compère de salle Tomer Lanzmann à la manoeuvre, avec une équipe déléguée de grand talent, juste en face de leur dernière maison, avec un lieu plus vaste, ses tables et banquettes, ses comptoirs face à la cuisine, sa cour intérieure. Cela s’appelle « Tekés », autrement dit « cérémonie » en hébreu, autour des légumes.
La cheffe en titre s’appelle Cécile Lévy, elle a 34 ans, est née à Marseille, a passé 17 ans en France, 17 ans en Israël, où elle a eu le temps de voir ce qui faisait les vibrer le neuf esprit gourmand de Tel Aviv (avec Barak Aroni au Norman) et Jérusalem (avec les amis de Mah’né Yehuda, ici présents) dont elle a bien compris l’esprit vif, drôle, ludique, très technicien, avec des légumes en folie, des épices au faite de la mode, des clins d’oeil à des mets de traditions de toute origine revus sur le mode végétalien.
On y ajoute l’usage, comme la cuisson à la braise, le grill en version douce. Ce qui se traduit avec des appellations allusives drôles et vives. « Sparagus », comprendre asperge, scordilya, poivron rouge, féta séchée. Alors que sous l’aspect de « pasta pesto », on a affaire au poireau avec féta braisée, céréales, pesto de cresson. Les « foies de volaille Balagan », ils ont été revus en champignons, avec moutarde, mélasse de datte et morceaux de pain. On n’oublie pas au passage l’exquise galette druze, fine et craquante, proposée en liminaire avec labné et pâte de sésame (tehina).
Les morceaux de bravoure? « Aboukir », avec gnocchis d’aubergine, parmesan, malhoukia, piment d’Espelette. Ou encore « La route de la soie » avec son céleri-rave cuit comme un steak, clémentine, café turc. Sans omettre l’hommage à Éric Frechon avec la fausse boîte de caviar contenant mousseline de pommes de terre, carottes et lentilles frites. Bluffant !
On y ajoute de jolis vins du monde, comme l’Ultra minéral venu d’Israel côté Haute Judée et issu de colombard et chardonnay ou encore le rouge « Puszta libre » de Claus Presinger dans le Burgenland autrichien, version nature du cépage Zweigelt. On achève sur le « Lemon Bassboussa », cake au citron avec sa chantilly légère et citron et la mousse aux champignons et chocolat. Assez pour fêter ce lieu de gourmandise végétale sans complexe, gai, vif, gourmand et plein d’avenir !