Auberge de la Forêt

Sophie et Alexandra au service © GP

Ce sont les parages des Vosges du Nord côté Moselle, le pays de Sarrebourg et la lisière d’Abreschviller, où, jadis, Pierre Moinot rédigea son « Guetteur d’Ombre », couronné par le prix Fémina: un pays de chasses studieuses et de promenades ludiques, de scieries ardentes et de forêt giboyeuses, le berceau de Chatrian, la moitié littéraire d’Erckmann, qui naquit à Grand Soldat – où mène le petit train touristique local.

Salade de cèpes © GP

Les demeures sont rustiques, les bonnes tables plutôt rares (même si la proche Auberge des Cigognes a été reprise voilà quatre ans par des chasseurs amoureux du lieu). Bref, l’Auberge de la Forêt, sis au lieu-dit Lettenbach, rattaché géographiquement à St Quirin (fameuse pour ses églises et chapelles dites six roses et son auberge du Prieuré), mais juste à la sortie d' »Abresch » fait figure d’institution bonhomme.

Marbré de foie gras de canard © GP

Nicole Risch en a fait un temple du bon rapport qualité/prix, attirant ici les familles en semaine autant que le dimanche. Sa fille Alexandra la relaye désormais en salle avec allant, gouvernant le service avec charme et prestance tandis que son frère Hugo, revenu de ses classes dans de belles maisons, comme l’Hostellerie de la Montagne à Colombey les deux Eglises, a rejoint la maison côté cuisine. Aux commandes des fourneaux désormais, les frères Leyendecker, qui tenaient il n’y a pas si longtemps l’Hostellerie du Château à Blâmont, se dépensent sans compter pour faire aux tablées nombreuses. Leur bon truc:  donner un brin de légèreté sudiste au produit régional vosgien et lorrain, mais pas seulement. Ces deux anciens de la Verte Vallée à Munster ne manquent pas d’idées classiques mais judicieuses pour livrer des assiettes fines et légères.

Entrecôte irlandaise grillée © GP

Des exemples de leur manière? La salade de cèpes locaux persillés au lard croustillant, le marbré de foie gras de canard frais mi-cuit aux pêches et magret fumé, le dos de cabillaud escalopé rôti en croûte à la provençale avec son risotto crémeux au basilic, tomates fraîches et copeaux de Grana Padano ou l’entrecôte irlandaise grillée servie avec ses frites de polenta et sa compotée d’oignons. On trouvera sur la longue carte (trop longue?) de quoi faire plaisir à tous avec ce risotto au riz Arborio, délicieux, quoique présenté de façon un poil trop liquide, aussi bien que du gibier à gogo (biche en civet,  filet poêlé ou en Rossini), du veau dans tous ses états (cocotte de rognon, croustillant de ris, pièce à la berrichone avec gratin de jambon, lard, champignons ou aux girolles).

Chocolat en coque © GP

Les desserts (comme la coque de chocolat avec mousse café, croquant de crumble, boule de café expresso, u la tartine de sablé breton à la marmelade de fruits rouges et rhubarbe) font tranquillement plaisir. Sans oublier des vins choisis à bon escient, comme le gewurz de Klack à Riquewihr ou le rouge séducteur du pays d’Oc dit Carabas, signé des domaine Philippe de Rothschild). Assez dire pour se dire que voilà toujours l’une des bonnes affaires à saisir au coeur des Vosges mosellanes.