Julien Walter, gloire gourmande à Nancy
A partir de 1871, Nancy devient un refuge pour nombre d’Alsaciens fuyant leur région annexée par l’Empire prussien. Ainsi Julien Walter, natif de Balbronn, fils d’instituteur, qui apprend le métier de cuisinier à Paris au Grand Hôtel boulevard des Capucines, puis au Pavillon Henri IV à Saint-Germain-en-Laye, avant de revenir dans l’Est, de racheter une institution de la place Stanislas à laquelle il donnera son nom et offrira sa réputation, tout en gérant également la cuisine du proche de Grand Hôtel de Nancy. En contant l’histoire de Julien Walter, de son prestigieux établissement, de ses repas glorieux, dont celui des adieux au maréchal Lyautey, Patrick-Charles Renaud raconte, par le menu, toute l’histoire de l’Alsace/Moselle occupée, le développement de Nancy, cette capitale de l’Art Nouveau muée en carrefour de bouche. L’essor de Nancy, l’effacement de ses voisines, Metz et Strasbourg, devenues villes du Reichsland, la Grande Guerre, la Belle Epoque, les Années Folles, le goût des nourritures de tradition, tant prisées en Lorraine : voilà ce que raconte ce livre riche, qui suit heure par heure, la carrière de Julien Walter et le devenir des siens. De l’annexion au sortir de la seconde guerre mondiale, ce bel ouvrage, fouillé, minutieux, méthodique, riche de tant d’archives, de riches menus et belles photographies et gravures, offre mille sujets d’études pour qui tente de comprendre le devenir de la Lorraine gourmande, généreuse, si souvent bouleversée et déchirée.
Chez Walter: Maître restaurateur place Stanislas, de Patrick-Charles Renaud (Gérard Louis éditeur, 398 pages, 45 €).
Bel artricle, mais il y a 2 y à : Lyautey