Mon Mari de Maud Ventura
Drôle, déroutant, volontiers kitsch, à l’image de la couverture vintage et décalée, voilà un premier roman qui dépote. L’auteure, qui a fait des études de philo et travaille dans l’audiovisuel, se coule avec aise dans le moule d’une épouse faussement idéale. Celle-ci, qui est aussi la narratrice, est traductrice et prof’ d’anglais. Elle élève ses deux enfants avec soin, vénère son mari jusqu’à la névrose, mais prend le temps de le tromper. Même si sa plus grande peur est de le perdre.
On vous cachera l’issue de ce récit à tiroirs et double-sens, en vous révélant juste que celle-ci est assez jubilatoire. Maud Ventura, en apprentie romancière très douée, tient fort bien la distance. Elle parvient sur 350 pages à camper un brillant portrait d’épouse, conformiste en apparence, fort rouée en vérité, brodant ça et là, de jolies scènes de genre, dont le sexe n’est pas absent. L’humour et la distance sont constamment ici présents en filigrane. Et l’écriture vive, précise, pulpeuse, enjouée, est une invite pressante à poursuivre cet insolite récit jusqu’à son terme. Une réussite!
Mon Mari de Maud Ventura (L’Iconoclaste, 356 pages, 19 €).