Marcel Duchamp à Buenos Aires
Il est l’artiste iconoclaste que la France a du mal à comprendre ou à classer, que New-York révère, quitte Manhattan au moment où l’Amérique entre en guerre en 1918, part pour Buenos Aires découvrir une ville qui semble ressusciter les fastes de l’ancien monde. Marcel Duchamp – car c’est de lui qu’il s’agit – loupe Borges, joue aux échecs, travaille sur son Grand Verre (« la Mariée mise à nu par ses célibataires, même »), prône le « ready made« , est en avance sur son temps.
Il cousine avec Dada et le Cubisme, devance le Surréalisme, cite Apollinaire, celui de « Zone », est « las de ce monde ancien« , erre dans Buenos Aires, boude le tango, suit l’ombre des belles Argentines, frôle une immense révolte ouvrière qui s’achèvera dans le sang. Avec ce premier roman en forme de biographie rêvée, Benoît Coquil, agrégé d’espagnol et maître de conférence en civilisation et littérature latino-américaine à l’université de Picardie, comble un blanc dans la riche vie de Marcel Duchamp. Artiste visionnaire, révolutionnaire somnambule, génie des arts, fou raisonnable, dont il tisse la toile avec malice, intelligence, subtilité.
Buenos Aires n’existe pas de Benoît Coquil (Flammarion, 208 pages, 18 €)