Dans le vent de Tel-Aviv

Article du 10 juillet 2011

La ville étouffe sous les embouteillages. Depuis l’aéroport de Lod-Ben Gourion, on s’est trompé trois fois de direction, de sortie. De sens? Le but du voyage, c’est l‘océan. Les grands hôtels sont alignés comme des perles (de béton) sur le front de mer: le Dan avec son luxe sobre, son grand service, sa façade colorée d’Agam, le Hilton, vaste comme un village avec ses six cent chambres, son chic suranné, comme posé sur le parc de l’Indépendance. Les enseignes rutilent: Ramada Renaissance ou Carlton, Sheraton ou Radisson. Les plus modestes se nomment Astor ou Ami. Les nouveaux, comme le Montefiore, joue le design Art déco avec sobriété.

Les mauvaises langues insinuent que Tel Aviv est mitée, condamnée au gigantisme, au tape-à-l’oeil, à la pollution. La vérité oblige à dire que la population automobile augmente, que l’on y construit toujours, que l’agglomération dans son ensemble compte un million d’habitants, mais que le pays, qui fête son cinquantenaire, trouve là son  terrain de détente.

Si Jérusalem est la ville où l’on prie, Haïfa, celle où l’on travaille, Tel-Aviv demeure celle où l’on s’amuse. Jaffa la belle y joue le rôle d’annexe ancienne. Elle est à l’origine de la première ville d’Israël. Avec son port pittoresque, ses venelles dans une cité maure rénovée avec goût, son square panoramique – Kadunim -, son église Saint-Pierre, ses galeries d’art et ses restaurants à terrasses, elle joue la carte de l’authentique.

On y flâne avec plaisir. On y dévale les gradins vers le port. On se perd dans les ruelles grossièrement pavées. Et l’on découvre le cachet suranné de la ville arabe, ses échopes, ses patios secrets, comme celui de Docteur Tchatchouka qui propose une exquise (et simple) cuisine lybienne. Ou de l’exquise Margaret Tayar, avec sa terrasse sous le vent et ses légumes frais comme l’onde.

Pourtant, le centre de Tel-Aviv, lui même, ne manque pas de charme. Les maisons aux formes géométriques, héritées du Bauhaus, parfois décrépies, se rénovent en beauté et leur côté intemporel rassure. Une promenade architecturale ombragée sur Sderoth Rotschild est même fort instructive. Les amoureux de l’Art déco et de Mallet-Stevens y trouveront quelques réflexions utiles sur un habitat maritime qui a su résister au temps.

On s’interrogera sur le devenir du pays, sa capacité à rester fidèle à l’idéal des pionniers en rendant visite au musée Ben Gourion, sur le boulevard qui porte son nom. Des souvenirs, des photos, une bibliothèque: voilà qui résiste brillament à l’épreuve du temps.

La Tel-Aviv contemporaine? On la guettera encore sur le front de mer, entre la plage, les terrasses de plein-air, les restaurants baptisés Café Picasso ou Terminal, qui font prendre Tel Aviv pour Miami et Rehov Hayarkon pour Ocean Drive. Le vieux port a vu peu à peu ses hangars devenir des restaurants en vogues, des terrasses complices, des repaires gourmands.

Côté flânerie, la rue Dizengoff, qui a donné naissance à un néologisme américain (“ to Dizengave ”, synonyme de déambuler) demeure la reine du genre. Mais Sheinkin, voie prisée de la jeunesse d’ici, est sa rivale. Dans la première, les terrasses, les magasins de journaux, les magasins de toutes sortes, dans la seconde, les cafés- comptoirs et les restaurants rapides donnent le ton. Dans les deux cas, Tel-Aviv s’affirme comme une ville ouverte qui sait prendre son plaisir sur un simple coup d’oeil.

Cette ville moderne se veut, aussi, une mini-capitale de gueule. Les chefs, qui ont fait des stages en France, y travaillent les meilleurs produits en légèreté et vendent leur talent au prix fort. Yoram Nitznan au Moul Yam (littéralement « sur la mer »), Jonathan Roschfeld à l’enseigne Herbert Samuel ou encore Moshe Aviv au très tendance Messa créent une nouvelle cuisine israëlienne qui n’est pas sans rappeler le mariage des épices d’Asie, des légumes provençaux et de la technique française, cher aux Californiens. Ils inventent ainsi une nouvelle culture sans omettre les racines du pays.

Itinéraire avec Voyageurs du Monde : « Vivre une ville : Tel Aviv cool & confidentiel », à partir de 1400€ par personne (incluant vols internationaux sur compagnie régulière, hébergement 7 nuits sur la base d’une chambre double avec petits déjeuners, les transferts). L’occasion de visiter Tel Aviv en compagnie d’un journaliste ou d’un architecte, passer Shabat « en famille »…

www.vdm.com ou par tel : 01 42 86 17 90

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Publié le 10 juillet 2011 par

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