La fabrique des souvenirs de Clélia Renucci

Article du 19 août 2021

Elle nous avait bluffé avec son « Concours pour le paradis« , pour lequel on lui avait offert le prix du premier roman et qui évoquait une bataille, très officielle, de peintres à Venise, sous la Renaissance. Pour son second roman, elle s’aventure, non sans brio dans le fantastique, avec des clins d’oeil au théâtre des années de guerre. Clélia Renucci, historienne dans l’âme et experte ès retours en arrière, imagine un monde où les souvenirs se vendent aux enchères, grâce à une application dite « Memory Project ».

Lorsque son héros, le jeune Gabriel Parmentier veut assister à une représentation de Phèdre en 1942, il s’avère prêt à tenter sa chance au prix fort et tombe amoureux d’une belle inconnue installée devant lui et dont la nuque le fascine. Musicienne de film, violoncelliste virtuose, cette mystérieuse Oriane Devancière va l’entraîner vers un amour impossible. Sous sa gouverne, on voyagera dans le passé, dans le cinéma de Carné et de Prévert, et dans le présent, notamment aux USA sur la côte Ouest avec une mystérieuse société éprise de cacophonie.

Charmeur, séducteur, malicieux, ce récit à tiroirs dont on ne peut tout dévoiler, au risque d’en déflorer la riche intrigue, vaut pour son écriture souple, soyeuse, emballante, cursive, qui fait le talent de la vive Clélia, historienne dans l’âme, virtuose et agile pour jongler avec les époques et avec les personnages. Vibrant, romantique, musical, nostalgique, voilà un roman-piège à ne pas laisser filer.

La fabrique des souvenirs de Clélia Renucci (Albin Michel, 19,90 €, 320 pages)

 

 

 

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Publié le 19 août 2021 par

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