Maison Delamain
« Jarnac : Delamain, apôtre de la rigueur »
Pour comprendre l’obsession de la qualité et ce souci, très charentais, de la permanence de la tradition qui anime les artisans du cognac, il convient de se rendre à Jarnac, chez Delamain. La route, depuis Angoulême, suit le cours du fleuve, épouse les vignes sinueuses, puis traverse la rivière. On longe le grand « château Courvoisier », à fleur de fleuve, on atteint une grand-rue et la maison des Mitterrand, où naquit le fiston François en 1916, issue d’une famille de vinaigriers.
A deux pas de là, la maison Delamain jouxte l’église. Ce temple du rigorisme charentais, aujourd’hui tenu par l’héritier Charles Braastad avec le concours majoritaire de la famille Bizot des champagnes Bollinger, n’a pas changé depuis la description qu’en fit Chardonne il y a trois quart de siècle, ses « bureaux donnent sur des toits enchevêtrés, couverts de tuiles rondes, et un petit jardin d’herbe« . La demeure principale est ordonnée comme une bibliothèque avec sa modeste plaque en cuivre, ses flacons précieux, ses ateliers aux murs noircis par les vapeurs de l’alcool, ses dames qui « emmaillotent dans des fils les bouteilles à la main« .
Le cognac, ici, provient exclusivement de Grande Champagne et les cuvées d’assemblage, la « pale & dry », toute en finesse, la « vesper », plus puissante, la « très vénérable », à la délicatesse insigne ou encore « réserve de la famille », cognac réputé parfait sans assemblage provenant d’une seule propriété et d’âge très ancien, demeurent le reflet d’une continuité: entre elles, l’âge et la maturité diffèrent. Une même éthique les traversent. Qui donne son prix à ces flacons précieux, délectables autant que vénérables.