Trio de William Boyd
Jours tranquilles à Brighton. Dans le fil brûlant de l’été 1968, trois personnages sont en quête de vérité, alors qu’on tourne un film très déglingué, où rien ne swingue. Talbot Kydd, producteur aguerri, doit combattre les embarras de l’heure, le scénario qui boîte, les acteurs mal choisis, les caprices des uns et des autres, le metteur en scène qui fait des siennes, couche avec la nouvelle scénariste – il est en passe de faire son « coming out« . La star américaine du film, Anny Viklund, sorte de Jean Seberg en proie à ses doutes, file le parfait amour de tournage avec le jeune Troy, vedette montante british du film, tandis que son ex-mari, terroriste en cavale, faisant face au pistage de la CIA, réapparaît brusquement. Elfrida Wing, épouse délaissée du metteur en scène du film, Reggie Tipton, et romancière en mal d’inspiration, cherche, elle, à renouer avec le fil du succès, suivant la piste de Virginia Woolf et de sa dernière journée, avalant cocktail sur cocktail, vodka après gin. A travers ces trois êtres désaxés, William Boyd s’amuse à tracer des portraits cinglants, tisser des situations pleines d’humour bravache et d’ironie cinglante, jouant avec les vies secrètes de ses personnages, déjouant les apparences. C’est drôle, british, intense, malicieux, franchement réussi.
Trio de William Boyd traduit de l’anglais par Isabelle Perrin (Seuil, 421 pages, 22 €)