La Mirande

Façade © GP

Ce fut une « livrée » cardinalice, autrement dit une demeure attribuée à un cardinal, bâti au XVe siècle, juste derrière le palais des papes. Puis, à la fin du XVIIe siècle, la maison d’un avocat, Claude Vervins, puis de son fils Pierre, marquis de Bédouin, qui lui donna sa façade classique, très « grand siècle », sous le sceau de l’architecte Pierre Mignard. Puis ce sera l’hôtel Pamard, appartenant à une grande famille avignonnaise. Jacques Rivette y tourna la Religieuse d’après Diderot, avec Anna Karina dans le rôle titre. C’était dans les années 1960.

Salon © GP

Les Stein la rachètent en 1987, confient la décoration à François-Joseph Graf, qui signa celle de l’Ambroisie à Paris, y retrouvant l’esprit d’une demeure aristocratique des XVIIIe et XIXe siècle, avec tissus et des papiers peints de Braquenié, Pierre Frey ou Zuber. Les meubles anciens, les lourdes tentures, les plafonds stylisés, le beau jardin ordonné, les 26 chambres toutes différentes, de taille, de forme, sinon de style, avec des plafonds hauts au premier étage, plus bas au second, imposent une griffe, une marque, une manière.

Une chambre © GP

Si le raffinement hôtelier a un nom, il s’appelle la Mirande : une auberge cinq étoiles qui continue sa voie, hors chaîne, hors ligne, hors mode, avec ses salles de bain à l’ancienne, sa robinetterie soignée, ses couloirs chatoyants, ses airs cosy, ses caves abritant une champignonnière, ses diverses offres de restaurants (table d’hôte en cuisine, salle à manger avec terrasse/jardin, table gastronomique), plus un patio où un prendre le thé est un bonheur, et un bar rococo qui paraît sortir d’un palais florentin. Bref, voilà un hôtel en ville, comme à la campagne, un hommage d’aujourd’hui à l’histoire, une manière de mieux aimer Avignon.

Salon avec vue © GP