Les tribulations d’un Français en France
Si les pages de ce voyage en France en quête d’ailleurs (le Colorado provençal, le Canada vosgien, le petit Monaco du Bas-Rhin, les Caraïbes corses, la petite Russie ou la Tolède du Cotentin) vous disent quelque chose et même plus, ne soyez pas surpris: elles ont parues en feuilleton l’été dernier dans le Figaro. Mais leur parfum de vacances est délicieux. L’esprit de l’auteur, son sens de la formule et de l’art de la digression, comme de la déambulation faisant merveille, on est tout heureux de les retrouver aujourd’hui. Additionnées de quelques voyages en « auto-stop » et en zigzag, de Paris à Auxerre et de Limoges à La Rochelle. Cette France, drôle, bravache, fière d’elle-même, de ses particularismes, de sa gourmandise comme de sa belle nature, se redécouvre ici avec plaisir. Dans le même esprit, le regretté François Caviglioli nous livra jadis un « Voyage en France » (le Seuil, 1981), qui fut lui aussi un feuilleton d’été, mais pour le Nouvel Obs, et dont le goût des jolies formules (genre « les fats sont las sur le sol de Ré » ou encore « les gones ont perdu la traboule ») nous sont restées en mémoire – il fut, sans nul doute, le chef d’oeuvre du genre. Philibert Humm, qui fut coauteur d’un « Tour de France de deux enfants d’aujourd’hui » (les Equateurs, 2018), emprunte les mêmes jolies traces. Cet esprit buissonnier et libre, ce goût du jeu de mots à la Blondin ou à la Vialatte, de la formule espiègle et de la liberté le nez en l’air nous donnent envie de découvrir l’Amazonie en Auvergne et la Toscane à fleur de Loire. Voilà une bien exquise lecture de confinement
Les tribulations d’un Français en France de Philibert Humm (Editions du Rocher, 148 pages, 15,90 €.)