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La vie en relief selon Philippe Delerm

Article du 10 février 2021

 

 

Vous connaissez l’animal : il ne change guère. On le suit ici depuis l’origine ou presque. Philippe Delerm ? Un homme heureux qui déploie son tapis de textes, tisse sa toile avec doigté, réinvente avec malice ses instantanés littéraires, rédige sans stress, ni crainte, apprivoise la page blanche et ne cesse de nous séduire, depuis cette « première gorgée de bière » qui fit tant pour sa gloire.

La vie en relief ? Une confession complice. L’auteur prend le lecteur par la manche, l’attire à lui, lui parle à l’oreille. « L’âge me rend plus fébrile, plus maladroit, plus raide, plus irritable à la moindre contrariété matérielle » « Vivre par les toutes petites choses. Des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits, des odeurs, des atmosphères. Ecrire sur tout cela. Car écrire et vivre, c’est la vie en relief, une opération qui s’est imposée lentement ». « Le passé n’est pas un monde perdu. Le vivre dans le présent n’est pas de la nostalgie ». On ne se lasse pas de citer. Il y a du Jacques Chardonne, de l’esprit du Bonheur de Barbezieux, de Demi-Jour et du Ciel dans la Fenêtre dans cette manière douce d’appréhender les minutes qui s’égrènent, le cours des jours, le temps qui passe ou, comme dit Chardonne, encore lui,  d’avancer des Propos comme ça.

Philippe Delerm, qui n’a pas peur d’être inactuel, sait prendre son temps, se joue des modes et de l’époque (il se moqua jadis de l’Extase du Selfie), glisse des aphorismes aux airs provocateurs (« le présent est le passé« ), fait des clins d’œil au Proust de Cabourg, se hasarde, côté Cotentin, sur la baie d’Ecalgrain, revisite la route côtière de Honfleur à Deauville, joue avec ses souvenirs, ceux des siens, à Montmartre avec Martine, à Nanterre sur le campus, à la Cigale pour voir Vincent.

Philippe Delerm nous fait entrer dans sa bulle, nous invite en ami, confident, voyeur. Il a, nous révèle-t-il in fine, longtemps rêvé d’être écrivain. C’est peu de dire qu’il l’est devenu.

La vie en relief de Philippe Delerm (Le Seuil, 240 pages, 16 €).

A propos de cet article

Publié le 10 février 2021 par

La vie en relief selon Philippe Delerm” : 2 avis

  • Merci @bozo – quelle chance d’avoir de bons lecteurs!

  • Bozo

    Petite typo => [fait des clins] d’oeil [au Proust de Cabourg]

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