Les Sources de Cheverny

Le château du Breuil © GP

Une belle idée de week-end en Sologne, à deux heures de Paris, au cœur déjà de la douceur française ? Aux Sources de Cheverny. Petite sœur ligérienne des Sources de Caudalies girondines, la maison a été crée par Jérôme et Alice Tourbier qui ont rassemblé l’ex château de Breuil, en lisière du doux village de Cheverny, et non loin du grand château historique qui inspira le Moulinsart du capitaine Haddock à Hergé, et une propriété contiguë avec ses beaux arbres, son étang, ses eaux douces, ses demeures dans le goût du pays mêlant briques, bois et torchis.

Le Baron perché © GP

Le lieu a bien du charme, réunissant, comme une sorte de resort solognot très campagnard, voué à la détente, onze maisons différentes : cœur des Sources (abritant la réception et un salon contemporain), Auberge (avec la fine cuisine au goût du pays de Frédéric Calmels, sur laquelle on reviendra vite), le Favori (la table gastronomique et panoramique qui a vue sur l’eau, mais qui n’est pas encore ouverte), le château du Breuil fin XIXe, le Spa des sources, le Baron Perché (demeure tout de bois sur l’eau abritant une suite), le hameau du Marais, la maison des fleurs, celle des fruits, la cachette du Sonneur et enfin la grange aux Abeilles.

La piscine © GP

Il y a le spa qui se prolonge, les soins proposés à demeure, avec les produits estampillés Caudalie, les  vigoureux massages opérés par des jeunes filles expertes, le jacuzzi de plein air, les bottes que l’on vous propose de chausser pour une promenade sans souci de crotter dans la gadoue des jolis bois environnants qui évoquent le pays de Raboliot, cher à Maurice Genevoix, et celui du Grand Meaulnes d’Alain Fournier. Il y a là quarante hectares de terrains boisés et ludiques, un bel espace propre à la détente comme à la flânerie. Plus des vélos que l’on prête aux audacieux, désireux de découvrir les nombreux châteaux aux abords, de Troussay à Chambord.

Le salon/bibliothèque © GP

Bref, pas le temps de s’ennuyer ici même. D’autant que le château proprement dit avec ses beaux salons, ses boissons laissées à disposition au bar, son billard, son jeu d’échecs, son piano, tout comme le salon moderne façon bibliothèque, situé juste derrière la réception, avec ses fauteuils confortables et sa cheminée contemporaine en fonte, font des invites, suscitent des tentations au calme sans heurt. Certes, l’ensemble manque de patine. Et certains espaces ne sont pas sans froideur. Mais le jeune service, gentil tout plein, fait ce qu’il peut pour rattraper son manque de professionnalisme, remplaçant la compétence par le sourire et la fraîcheur.

La chambre Moïra © GP

On pardonne aisément les erreurs de commande (quasi systématiques) des repas ou les oublis (nombreux!) car l’ensemble possède un vrai charme et presque déjà une âme. Même si les chambres ne sont pas toutes spacieuses, ni toutes guillerettes, si ça et là manquent des prises électriques, des lampes voire des ampoules, donc de la lumière, voire de la gaîté, si le chauffage ne fonctionne pas forcément comme il convient dans les salles de bain, la décoration dans les tons grisés, qui s’inspire de celle des manoirs fin XIXe avec certaines touches Nouvelle Angleterre, séduit en douceur.

Le salon de piano © GP

On y imagine aisément le tournage d’un remake moderne du « Grand Meaulnes » et l’on ajoute que les petits déjeuners dits gourmands ou détox, qui se renouvellent chaque jour (avec leurs exquises viennoiseries, leurs mini-baguettes, leur crème caramel maison, leurs compotes de fruit), comme la cuisine servie en chambre, en temps de semi-confinement, dans des boîtes en carton version « kit », est carrément délicieuse. Avec un rouge cheverny du domaine de Veilloux,  issu de pinot noir, de gamay et de cot, de chez Michel et Arnaud Quenioux,  on passe là un week-end d’hiver comme à l’abri des bruits du monde.

Le petit déjeuner © GP