Les Embruns
« Rungis : un peu d’iode aux Embruns »
La maison façon baraquement en tôle, au cœur du marché de Rungis côté Pavillon Marée, ne fait pas rêver. La cuisine, elle, ne fait pas dans le génie. Pourtant le lieu est providentiel, car il est ouvert en temps de confinement, pour tous les porteurs de carte d’acheteurs au MIN, les opérateurs et les employés du marché, et il offre un peu d’iode à tous, mais pas seulement, avec sa chaude ambiance, comme sa joie de vivre. Quant au service féminin, il est prompt, efficace, souriant, faisant tout pardonner.
A l’ardoise, les plats du moment virevoltent : gentille salade de queues d’écrevisses aux agrumes, friture d’éperlans (un peu secs ces derniers), sole meunière au beurre blanc à l’aneth (bonne, certes, mais bêtement flanquée d’asperges mal mis en scène et évidemment hors saison), filet de bar aux poivrons et chorizo, turbot (sans éclat) au jus de bœuf et pommes sautées, riches fettucine et coquilles saint Jacques passent sans mal.
On accompagne le tout d’un exquis chablis Vau Ligneau du domaine Hamelin, au joli nez noiseté et à la tendre fraîcheur. Et, en issue, tarte au citron meringuée (à la pâte un brin détrempée), mi-cuit au chocolat et tiramisu se croquent sans effort. La maison peut mieux faire sans doute, mais accueille avec tant de gentillesse qu’on est presque ennuyé d’avoir la dent dure.