Révélée par Miniaturiste, confirmée par les Filles au lion, Jessie Burton revient avec un livre plus intimiste, une sorte de polar littéraire flirtant avec les milieux du cinéma. L’intrigue? Au coeur de Londres, dans les années 1980, Elise Morceau rencontre Constance Holden, écrivain à succès et tombe sous son charme magnétique. Les deux protagonistes deviennent un couple. Quand le dernier roman à succès de Constance doit être adapté au cinéma par un grand studio hollywoodien, Elise la suit la à Los Angeles, la ville de tous les mirages. Elle ne supportera guère les mondanités et leur couple s’effrite. Elle y cherche la consolation avec un homme qui sera un père un peu falot pour sa fille, tandis que Constance s’éprend d’une actrice connue qui est aussi une femme battue. Trois décennies, la jeune Rose Simmons mène l’enquête sur sa mère disparue sans laisser d’adresse. Elle cache son identité véritable pour devenir la demoiselle de confiance de Constance Holden, dont l’oeuvre a été un brin oubliée. Retrouvera-t-elle Elise? Recollera-t-elle les morceaux d’une vie disparue ?

Après une grande grande fresque historique qui évoquait la guerre d’Espagne et un premier livre retraçant le Siècle d’Or hollandais, Jessie Burton nous livre cette fois-ci une sorte de thriller en douce sur le mode littéraire dont la figure de Constance Holden, sorte de Miss Dalloway à la sauce moderne, est la muse inspiratrice. Dans un Londres charmeur et pernicieux, avec ses dérives américaines californiennes et new-yorkaises, elle nous livre cette fois-ci un roman habile, féministe ou féminisant – dont toutes les figures masculines sont peintes en demi-teintes, voire en retrait. Une réflexion en douce aussi sur le maternité sur le rapport mère/fille, sur la complicité.

Les Secrets de ma mère de Jessie Burton (Gallimard, 504 pages, 23 €).