Un combattant, un  sage, un gourou, une balise ou un contre-modèle: il est tout cela Thierry Marx, et certes pas un cuisinier comme les autres. Il ne se contente pas de jouer le chef médiatique et multi-étoilé, ce qu’il est au Sur-Mesure du Mandarin Oriental. Il n’est jamais là où l’on croit. Autodidacte, passé entre les mailles des filets des grandes formations et des grands formateurs – ce ne sont pas forcément les mêmes, ayant flirté avec Robuchon, Taillevent, Maximin, passé au Cheval Blanc à Nîmes, aux côtés de chez Régine – mais c’est bien vieux!  -, devenu le mage de Cordeillan-Bages, puis le samouraï itinérant de la cuisine mondiale, au service des autres, en prison et ailleurs, il dispense son art et son savoir aux déshérités et aux autres.

Il réfléchit, écrit, tire leçon de ses expériences. Bonnes ou mauvaises. On adore, dans son dernier ouvrage, cette anecdote venue du Japon, celle de cet associé nippon qui prend prétexte du Covid 19 pour briser leur lien et interrompre leur affaire commune tout en lui renvoyant ses deux vestes de cuisinier … accompagnées d’une note de blanchissage de 12 €. Il ne s’en émeut pas, ni ne s’en formalise. Mais en retire une leçon sagesse. Une de celles dont son livre est tissé. Il se raconte, évoque ses racines comme ses voyages, évoque l’Australie où il comprit son amour pour la cuisine, rappelle ses premiers pas à Ménilmontant, revient sur son parcours, ses engagements, ses passions.

Ce qui l’anime. Son titre en forme d’aphorisme, emprunté à Brecht ( Celui qui ne combat pas a déjà perdu), offre une palette de leçons de vie.. En cette période de pandémie – alors que « la vie s’est arrêtée comme un train entre deux gares » -, il nous rappelle que rien n’est jamais perdu pour celui et ceux qui avancent. On pense à la sentence de Confucius: « celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour. » « La vie, conclue-t-il avec optimisme, a un bel avenir ».

Celui qui ne combat pas a déjà perdu de Thierry Marx (Flammarion, 256 pages, 16,90 €).