La Bauhinia au Shangri-La

Le service du thé © GP

Après une expérience pénible – pour ne pas dire moins – dans une neuve ambassade gourmande du Yunnan à Paris (cf ci dessous au Carnet de Route du 9e), je cherchais une table légère, fine, apaisée. J’aurai bien aimé tester une nouveauté, comme, par exemple, l’une des deux tables du Mandarin Oriental, signées, chacune Thierry Marx. Mais elles ne sont ouvertes que la semaine prochaine. Et on les laissera se rôder. Il y a aura le « Sur Mesure » et « le Camélia ». Pour y réserver à coup sûr, voilà leur téléphone commun (01 70 98 73 43) et l’adresse (251, rue St Honoré, Paris 1er), sachant que ce sera le « spot » de l’été à Paris  – tiens, voilà que je mets à parler comme un blogueur…

Ambiance © GP

Me voilà donc, non par raccroc, mais par plaisir, à la Bauhinia, qui est la première table du Shangri-La. La première, mais pas un coffee-shop. Plutôt une table chic et élégante(je le précisais, il y a quelques mois, le décorateur Pierre-Yves Rochon nous avait fait le coup de « Marie-Chantal chez les Malais »), avec ses couleurs vertes et rouges, ses fauteuils cossus, ses tables espacées, son service empressé et sa cuisine mi-asiate, mi-française, exquise et soignée. Un mauvais point tout de même au service de réservation qui vous demande tout à trac de vous déterminer entre 20h et 21h, avec cette précision: « à 20h30, c’est déjà complet« . A croire qu’on expédie ici les repas en demi-heure! Mais c’est le souci de ne pas surcharger le service au même moment.

Soupe glacée de légumes © GP

Pad Thaï aux crevettes © GP

Rojak Buah © GP

Pas de surcharge, donc, mais la sérénité. Surtout lorsqu’on arrive à 20h dans une salle un peu esseulée. Mais le charme agit vite, avec des jeunes filles qui ont le sourire immédiat, comme cette jeune Taïwanaise qui apporte le thé vert avec un mélange de naïveté prude et de pieuse déférence. Côté mets, le « Rojak Buah » malais (salade de crevettes au concombre et papaye verte, ananas, pomme Granny, cacahuète, coriandre, vinaigre de soja) rivalise joliment et en fraîcheur avec le Pad Thaï aux crevettes (on vous le propose en demi-portion, mais on vous le comptera plein pot sur la note – 29 € – ce qui est nettement moins délicat). La soupe glacée de « tous les légumes » ou le Char Kway Teow (nouilles de riz avec travers de porc laqué made in Malaisie) séduisent tout autant.

Otak Otak © GP

Ikan Asam Pedas © GP

Homard aux aubergines © GP

On reprend avec délice « l’Otak-Otak », papillote de cabillaud avec sa pâte au curry jaune et lait de coco plus citron et basilic, sur le mode indonésien, qui nous emballa si fort la première fois. Mais la révélation du repas est le « Ikan Asam Pedas », superbe lieu jaune à peine poché dans un bouillon de volaille au tamarin relevé de citronnelle et galanga, flanqué d’aubergine rôtie, tomate cerise, oignons, piment, rau-ram: un délice à la mode malaise, indiquant que Philippe Labbé (absent ce soir là) et les siens maîtrisent fort bien ce registre là. J’oublie, au passage, le « rab » (délicieux), glissé par le chef de service, qui constitue en un exquis demi-homard accordées à l’aubergine confite (et tomate jaune également confite dans son jus) : un pur régal dans le goût de la fusion franco-asiate.

Glaces et sorbets © GP

In fine, on joue la fraîcheur des glaces et sorbets signés du maestro François Perret, avec le sorbet cacao amer (bien mieux que celui mixant chocolat et framboise qu’on vous attribue par erreur – décidément le service ce soir là…), la pinacolada ou la glace vanille, qui éteignent le feu des épices. Qu’escortent aussi bien un splendide thé vert Genmaicha au parfum de riz grillé qu’un joli riesling riesling minéral et riche d’Anne-Marie Schmitt à Bergbieten grand cru Altenberg, raisonnablement tarifé 48 €. Bref, un joli voyage en Malaisie, tout en douceur, depuis le beau palais de Roland Bonaparte revu en palace international nouveau style.

Le Shangri-La © GP