Les Petits Parisiens
« Paris 14e : on se régale chez ces Petits Parisiens »
Arnaud Duhem ? On l’a connu dans le groupe Ducasse, côté palace, puis au Shangri-La en directeur de la restauration. Le voilà réussissant côté bistrot en banlieue parisienne, au Petits Princes à Suresnes. Rachetant l’ex-Régalade de l’avenue de Jean Moulin dans le 14e, qui fut le berceau de la bistronomie sous la houlette de Yves Camdeborde, avant d’être repris par Bruno Doucet, puis de devenir, brièvement, Origins 14 sous la houlette d’Ollie Clarke, il y joue la carte du bistro gourmand et du bon rapport qualité-prix.
Au fourneaux, Rémy Danthez, jeune chef à peine trentenaire et doué qui a tout appris à l’ancienne Régalade de Bruno Doucet, avant de prendre en main les cuisines des Petits Princes. Au Petits Parisiens, il joue une partition pleine de vigueur, de tonus et de malice créative. Tandis que la pétulante Inès Roulon, solognote et gourmande, qui défend les jolis vins de toutes les régions, et a fait de belles maisons côté salle (le Sergent Recruteur avec Alain Pégouret, Tomy & Co, le Saint-James Paris ou le Fouquet’s Saint Barth), vante avec aise les idées et les bons crus du moment.
La terrine de campagne comme jadis est placée d’emblée sur la table, en version individuelle, avec ses pickles, tandis qu’on s’aiguise le palais avec le joli côtes du rhône blanc assez minéral, de Maxime François Laurent, dit « Pantomime ». Ensuite, on choisit entre la tonique salade de betterave au chèvre frais et les exquis champignons de Paris crus et cuits, avec jaune confit au balsamique, émulsion de café et sobacha torréfié.
On loue les jolies saint Jacques en coquilles au beurre d’herbe, le formidable risotto à l’encre et gambas avec son émulsion au fromage fondu et le splendide pan de veau confit (une variante du paleron archi-fondante), servi avec sa concassée de tomates au citron. Là dessus, on boit, au verre l’exquise cuvée « arbalète et coquelicots » en minervois à moins de craquer sur le superbe saint-joseph de Marsanne à Mauves qui livre le grand opéra rouge de la syrah, avec son formidable nez de violette et sa plénitude en bouche.
Mais on ne fait pas l’impasse sur les desserts, dont la splendide mousse chocolat 68% du Mexique avec sa glace cacahuète et son crumble chocolat, la pomme rôtie et confite, son caramel au thym citron avec son arlette croustillante, le riz au lait à la vanille, fruits secs et caramel au beurre salé, sans omettre, in fine, les jolis cannelés caramélisés, donnent une belle idée. Réservez !
PS : on y est allé juste avant le 2e confinement.