Un sulfureux parfum d’été

Article du 17 juin 2011

Il n’est pas passé inaperçu ce recueil de nouvelles. Il vient même d’obtenir le premier prix du livre d’été de la Messardière à Saint Tropez. L’été? Il n’est même question que de cela avec ces cinq histoires de taille inégale, écrites avec une malice perverse par l’auteur du « Col de l’Ange » et de « Dolce Vita« . Un couple amoureux (« Acquascura ») qui s’émoustille dans la chaleur et voit ses vacances presquegâchées par des tribus innombrables de fourmis revêches qui peuvent méchamment piquer et aussi provoquer la mort d’un nageur; un autre couple, entre passion et rupture, qui joue au chat et à la souris et finit par rompre (« plus chaud que braise »). Avec cette jolie sentence: « je n’ai jamais pu quitter un homme sans en être désespérée, et aussi férocement soulagée ». Un homme seul – et c’est peut-être le chef-d’oeuvre du livre, traduit de l’italien, dédié à Mario Rigoni Stern – enfermé malgré lui dans une cage d’ascenseur et y meurt inexorablement, fin juillet à Milan, alors que la chaleur monte et que la ville devient tout à coup déserte (« quand les gros seront maigres, les maigres seront morts »).

Terrible, implacable, nostalgique. Car toutes ces histoires sont liées entre elles par ce parfum de figuier sauvage, cette odeur d’été, une irrépressible bouffée de chaleur trop forte. Comme les deux dernières: « l’année 82 », une jolie fille seule en perdition, entre sexe, drogue et rock’n roll, et « Fiat 500 », la plus brève, la plus drôle, récit d’amour d’une jeune bourgeoise, de sa voiture, de sa fugue avec son clochard céleste d’amoureux, de sa solitude finale.

Des thèmes récurrents: l’amour, la séparation, la douceur, les morsures du couple, la solitude éternelle et puis l’Italie d’hier à aujourd’hui, avec sa tendresse, sa gourmandise, sa saveur juteuse et molle comme une figue mûre: Simonetta Greggio montre une fois de plus son talent de narratrice, écrit un français soigné et savoureux, celui d’une vénitienne de Padoue qui rédige et raconte comme un défi, comme on se jette dans un grand bain littéraire où il est si difficile de trouver sa place. Voilà une incontestable réussite du genre.

Simonetta Greggio © Maurice Rougemont

L’odeur du figuier, de Simonetta Greggio (Flammarion, 171 pages, 17 €).

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Publié le 17 juin 2011 par

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