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La famille Martin ou le naufrage de David Foenkinos

Article du 4 octobre 2020

Il l’avoue en liminaire : il n’a plus d’idées, plus d’inspiration, plus d’envie. Sort dans la rue, va faire un livre avec la première personne venue, une Madame Tricot qui a travaillé dans la mode, a connu Lagerfeld, va lui présenter sa seconde fille (la première est partie loin, à l’étranger), une Madame Martin, qui, à son tour, va l’introduire chez elle, en faire un témoin privilégié de son couple en plein naufrage, de ses deux ados, mi-agressifs, mi-indifférents. Sa vie à lui – le narrateur, non nommé, mais qui est bien le sosie de l’auteur – ne ressemble pas à grand-chose. Sa petite amie l’a quitté, car elle s’ennuyait, préférant la solitude à la vie avec lui. On la comprend… Qu’on ait aimé Charlotte ou la Délicatesse, le Mystère Henri Pick ou Vers la Beauté, on ne peut qu’être affligé de ce gentil naufrage qui ressemble à un cauchemar morne. David Foenkinos, qui se met en scène avec naïveté, écrit ici platement et sans joie, comme sans y croire (« Les gens vont vraiment lire ça? », demande un des personnages qui s’étonne qu’on livre en pâture aux lecteurs. Et le double de Foenkinos,  de répondre : « Je ne sais pas, on verra« .).

Il livre ici des bouts d’histoires, des aveux sans suite, des esquisses de roman. Tout cela ne mène guère loin. A sa décharge, on notera qu’il s’en rend vite compte et place dans la bouche d’un de ses personnages une diatribe piquante (p.127) contre les méchants chroniqueurs littéraires du « Masque et la Plume« , soupçonnés « d’aller top loin« , de ne pas de contenter de « critiquer un livre », mais« de déverser de la haine« , et dont il pressent sans trop se leurrer ce qui peut lui arriver. Mais il intervient : « ah, ne dites surtout pas ça! Je risque de mettre vos répliques dans mon roman, et je ne veux pas qu’ils le prennent mal. Ils me terrorisent… » Et de fait dire alors à la gentille Valérie Martin : « C’est vrai, on est dans une époque un peu tiède (…) ils ont souvent raison (…) C’est une chance d’avoir de tels guides culturels (…) ils ont des voix magnifiques. C’est du miel dans les oreilles« …Pour cette petite note d’humour imprévue, il lui sera beaucoup pardonné. Un conseil au doux David : lire ou relire « Haine de la famille » de sa consœur Catherine Cusset, publié chez le même éditeur, il y a près de deux décennies. Il y trouvera une sacrée leçon de littérature espiègle.

La famille Martin de David Foenkinos (Gallimard, 226 pages,  19,50 €).

A propos de cet article

Publié le 4 octobre 2020 par

La famille Martin ou le naufrage de David Foenkinos” : 4 avis

  • Mélanie

    Moi, j’ai tout sincèrement Adoré…

  • medinvilla

    Ma décision est prise, page 76: je quitte définitivement la famille Martin; je pense que que ce non livre est creux jusqu’à la dernière ligne.
    Je n’en dirai pas plus.

  • Bruno

    Une certaine qualité d’écriture sans doute mais pour quelle finalité ? C’est creux, sans intérêt et oublié sitôt le livre refermé. C’était mon premier Foenkinos, ce sera le dernier. Quant à l’éditeur qui publie « ça », il aura à cœur de penser à tous les manuscrits refusés, au prétexte que l’auteur n’avait pas de nom….

  • Étienne Florence

    Quel ennui ce livre totalement en panne d’inspiration et une grande maison d’édition accepter de publier ce verbiage sur un nom. Quelle tristesse

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