Casadelmar

C’est comme un OVNI posé sur une baie magique. Au Sud-Est de la Corse, face à la cité du sel, un vaste parallélépipède, avec ses lattes de bois, ses hautes baies vitrées, sa piscine hollywoodienne. Il y a les vastes espaces communs, le mobilier contemporain en gris et rouge et, juste en lisière, le bleu de la Méditerranée.

C’est l’aboutissement du projet audacieux d’un promoteur local et passionné, Jean-Noël Marcellasi, qui a investi un hôtel vieillissant, plus deux ha de pinède, donnant carte blanche à l’architecte Jean-François Bodin spécialisé dans les musées. Ce dernier a œuvré en émule inspiré de Le Corbusier. Le lieu est un peu fou, mais la gestion fort raisonnable. Directeur et chef sont jeunes et vénitiens, viennent tous deux du Royal Monceau, participent de la même démarche: donner à voir une idée de la Corse, autre, largement ouverte et futuriste.

Davide Bisetto, le magicien des fourneaux, qui travailla au Four Seasons de Milan avant le Carpaccio parisien, réalise des prouesses sur le mode vif, léger, créatif. Les produits sont italiens, la manière franco-transalpine, l’équipe de cuisine, jeune et internationale, l’idée générale, de recomposer les saveurs de Méditerranée en liberté, séduisante en diable.

Il y a d’abord cette terrasse à flanc de mer, face au bourg perché au dessus de son golfe, ce service policé, cette carte des vins qui fait place à la Corse montante dans ses grandes largeurs. Puis les assiettes, qui sont belles, colorées et chantantes. Le matsushima méditerranéen et percebes (les rares pousse pieds qu’on trouve à Quiberon et dont raffolent les Catalans), le foie gras au chocolat et griottes, le fenouil avec palourde et oursin, la poutargue marinée avec gelée de tomate de l’île et son sorbet coriandre/persil, l’espadon en céviche témoignent d’un raffinement éclatant. Les tortellini à la morue « mantecato » est au jus de sardine est d’une rusticité raffinée et charmeuse, constituant une variation séductrice, comme les lasagnette aux olives et langoustines, sur le thème des farineux à l’italienne.

La langouste rouge d’ici à l’amatriciana ou le saint-pierre fumé minute au bois de genévrier font des plats  corse de grand goût et de haute lignée. Enfin les desserts (cassate sicilienne avec ingrédients de l’île, fruits confits, amandes, brocciu) jouent sur le même registre de haute qualité. Bref, la Casadelmar qui jouent, depuis huit ans, le rôle d’événement hôtelier permanent fait désormais figure d’emblême séducteur de la Corse nouvelle vague, un peu italienne, ouverte sur le monde, méditerranénne en diable et séductrice avec passion.