Les errances de Yasmina Khadra

Article du 24 août 2020

Dans l’Algérie d’après-guerre (comprenez : juste après 1962), Adem Naït-Gacem quitte son école et son village de montagne. Cet instituteur encore jeune que sa femme vient de quitter se résigne, doute de lui-même et s’improvise vagabond. Il part à l’aventure et parcourt son pays et ses sentiers perdus, s’enivre seul, multiplie les rencontres, mais ne se livre guère. Aidé par les uns, rejeté, bousculé et battu par les autres, un temps recueilli par un nain qui s’improvise sauveteur généreux, interné dans un asile, enfin redevenu instituteur et adopté par un couple de fermier dont le mari est handicapé, il croit trouver une nouvelle raison de vivre, un nouvel amour, se bat contre un commissaire politique du FLN abusif, puis…. Mais on ne va pas tout vous raconter. Yasmina Khadra (dont on se souvient du fort beau « Ce que le jour doit à la nuit« , qui raconte à sa manière lyrique l’évolution de l’Algérie des origines à nos jours) dresse un portrait fracassé, comme un miroir brisé, de son pays natal, entraperçu à travers la destinée vagabonde d’un homme perdu. Constat cruel, regard critique, nostalgie et regret mêlés : l’Algérie de Ben Bella, qui préfigure celle de Boumédienne et de Bouteflika – est-ce la même ? – n’en sort pas indemne.

Le sel de tous les oublis de Yasmina Khadra (Julliard, 255 pages, 19 €).

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Publié le 24 août 2020 par

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