Les chuchotis du lundi : quand le Covid 19 menace St Tropez, les surprises de Tripadvisor, Mélanie Serre au Louis Vins, l’adieu à Jean-Michel Turin, Nicolas Paciello crée les 5 Sens, Jacques Maximin le petit archiviste, Lionel Rodriguez à Corseaux
Quand le Covid 19 menace St Tropez
On se promenait librement sans masque dans les restaurants du si joli port tropézien mi-juin, où les clients se faisaient la bise sans penser à mal. Depuis, la chaleur de l’été aidant, la folie tropézienne a repris son rythme et les fêtes – non masquées – comme les imprudences, en temps de pandémie, se sont multipliées. Jeudi dernier, le 6 août, comme le signalait « Var Matin », le couperet est tombé, avec effet immédiat: deux établissements de plage à Ramatuelle, Verde et Moorea (dont le patron, Christophe Coutal, par ailleurs nouvel adjoint au maire de Saint-Tropez, se présente comme un « bouc émissaire » sur une vidéo diffusée sur sa page Facebook), ont fait l’objet d’une fermeture administrative « pour non respect des gestes barrière« . Et la liste s’allonge, entre les plages et le centre-ville, des établissements provisoirement fermés: le mondain VIP Gioa, sur l’Espanade du Nouveau Port, près du musée de l’Annonciade, le charmeur Indie Beach House, route de Bonne Terrasse, – qui lui vient de rouvrir « prudemment » -, le marocain Salama, chemin des Conquettes, le fusionnant Gaïo, rue du 11 Novembre 1918, sans oublier l’italien Noto et le relax Pablo (où 18 cas de contamination parmi le personnel ont été dépistés), ces deux derniers situés sur la si passante place des Lices. Dans la ville où le masque est désormais obligatoire à l’extérieur depuis samedi minuit, le Covid-19 bouleverse à l’évidence la saison touristique.
Les surprises de Tripadvisor
Les bonnes surprises sont françaises au classement annuel de Tripadvisor qui s’en réfère à ses lecteurs,pour établir le hit-parade des meilleurs restaurants du monde (« Traveller’s choice« ). La France place cette année trois tables dans les dix premiers. La place de N°1 est occupée par Gilles Goujon du Vieux Puits à Fontjoncouse. “Vraiment un rêve. À partir d’ingrédients locaux, le chef concocte des arômes, des textures et des saveurs que vous n’avez jamais goûtées. Des plats légendaires. OUAH !”, clame un lecteur. La seconde place, et c’est sans doute la plus grosse surprise du classement, est dévolue au coming-man Yvann Guglielmetti, qui a succédé avec succès à Jean-Yves Jagun, récupérant l’étoile ici de fondation et à propos duquel un lecteur affirme « Des produits de grande qualité et grande fraîcheur, de l’inventivité, un service discret, chaleureux et dévoué, de superbes découvertes en vin et pour couronner le tout un menu enfant plein de saveurs et abordable. Le top de notre séjour en Côtes d’Armor! ». La 7e place revient, elle, au deux étoiles des bords de Loire à Montlivaut, Christophe Hay. On ajoute que parmi les autres tables classées dans les dix premiers, on trouve deux tables anglaises (dont le Fat Duck de Heston Blumenthal en 10e position), deux argentines, une colombienne, une chilienne et une japonaise. Vive donc la France et ses trois lauréats! Sur son compte instagram, Yvann Guglielmetti, qui a d’abord cru à un canular, remercie son équipe, ses producteurs et … ses clients.
Mélanie Serre au Louis Vins
Elle était la cuisinière star de l’Atelier Robuchon Etoile. A 34 ans, Mélanie Serre change de registre et choisit l’optique bistrot, rejoignant son ami Bertrand Guillou-Valentin qui a repris le Louis Vins, bistrot de charme sur la Montagne Sainte-Geneviève à Paris 5e. Dans cette maison douce, aux trois atmosphères (comptoir, bar à vin, restaurant), elle aura les coudées franches pour travailler les produits de haute tenue, barbue bretonne, viande de boeuf d’Aubrac et légumes de haute tenue, pour composer un grand menu dégustation à sa manière. Même si le premier menu de la maison démarre en tout compris à 24 €. Réouverture du Louis Vins avec Mélanie Serre le 1er septembre.
L’adieu à Jean-Michel Turin
Il est décédé fin juillet à l’âge de 74 ans. Jean-Michel Turin était depuis quatre décennies, l’unique étoilé, à la fois truculent, chaleureux et discret, de Haute-Saône, au château de Vauchoux près de Vesoul. Ses amis chefs, ses proches, maîtres cuisiniers, étoilés de sa région ayant fait carrière ailleurs (comme Patrick Henriroux, natif de Vesoul, deux étoiles chez Point à Vienne, Jean-Paul Jeunet, deux étoiles légendaire à Arbois, Laurent Petit, natif de Bussières-les-Belmont, en Haute Marne et trois étoiles à Annecy, avouant avoir fait son premier grand repas chez lui, ou encore Christian Têtedoie, étoilé lyonnais et président des Maîtres Cuisiniers de France) avaient tenu à lui rendre hommage, pour son dernier voyage, dans l’église Saint-Georges au coeur du vieux Vesoul. « Moi j’ai jamais fait de grandes écoles. Comme dit mon copain Guillaume Gomez, chef de l’Elysée : « nous, c’est Bac -5 ». Le produit nature, brut. On va pas vous expliquer pendant une demi-heure ce que vous allez manger, sinon quand vous avez compris, c’est froid et vous mangez plus !« , confiait-il en souriant. Gloire à Jean-Michel Turin, Bocuse franc-comtois dont on se souviendra avec tendresse.
Nicolas Paciello crée les 5 Sens
Non, il ne quitte pas le Fouquet’s, dont il est devenu, en quittant le Prince de Galles et en traversant l’avenue George V, le nouveau pâtissier star. Mais Nicolas Paciello, lorrain de Forbach, ancien de Fauchon, du Crillon et de la Réserve, s’installe en plus à son compte, avec l’aval du groupe Barrière et l’aide financière de l’entrepreneur William Assouline, dans un lieu double (une pâtisserie au 114 rue St Charles, dans le 15e à Paris, un labo de création, 16 rue Méhul à Pantin) qui constituera la vitrine de ses créations. Nom du lieu: les Cinq Sens. Ouverture prévue : mi–septembre. Objectif: bousculer les codes traditionnels de la pâtisserie traditionnelle, en proposant trois nouvelles pâtisseries-signatures par mois et en faisant participer les passionnés à ses neuves élaborations.
Jacques Maximin le petit archiviste
Il a démarré en douceur le 13 juillet dernier. 194 publications et 2000 abonnés plus tard, Jacques Maximin, MOF 1979, est devenu le petit archiviste des années 1980, suivant l’exemple de son ami et disciple breton Patrick Jeffroy, lui emboîtant le pas, faisant le bilan de ses expériences, de ses amitiés, de son existence mouvementée, n’oubliant personne, les compagnons de toujours, les amis d’un jour et ceux qui marquèrent le siècle. De Paul Bocuse à Roger Vergé, de Régine à Jacques Médecin, d’Yves Mourousi à Charles Trénet, de Gilbert Le Coz à Bernard Loiseau, de Michel Bras à Sylvain Portay, d’Alain Ducasse, bien sûr, qui reste son compagnon, son confident, pour qui il est toujours consultant chez Rech, à Guy Savoy, Jacques Maximin, qui détint deux étoiles à Nice, lançant le Chantecler au Négresco, avant son aventure au Théâtre, repris par le groupe Flo, puis au Diamant Rose à la Colle sur Loup, enfin chez lui à Vence puis au Cros de Cagnes, ouvre ainsi le livre de sa vie. On lui souhaite un maximum de followers!
Lionel Rodriguez à Corseaux
Après huit années passées aux Trois Couronnes à Vevey comme chef exécutif et étoilé, le Toulousain Lionel Rodriguez, passé par le Montreux Palace, le Lausanne Palace, Alain Ducasse à Monaco, Le Laurent à Paris, le Guanahani à Saint-Barth, a voulu se remettre en question en créant La Table des Saveurs dans les murs du LAB (hôtellerie et hébergement, espace ludique avec salles de réunion, atelier culinaire, team building, etc.) à Corseaux, Suisse dans le canton de Vaud. Comme beaucoup, pendant la période de confinement, il a pris conscience de l’importance de préserver la planète. Adhérant au mouvement « Less saves the Planet », il élabore donc chaque semaine, à sa table d’hôte gourmande, des menus issus de la production des maraîchers locaux ainsi que ceux du pêcheur professionnel de Vevey, Patrice Brügger.