La Mère Germaine
« Châteauneuf-du-Pape : le renouveau de la Mère Germaine »
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Elle fut la mère étoilée qui donna son nom à sa belle table de Châteauneuf-du-Pape. Elle reçut, à partir de 1922, la visite du tout Paris descendant vers le Midi. Germaine Vion, qui fut cuisinière au service du président de la République, racheta l’hôtel Bellevue, du plus fameux village vigneron du Vaucluse, et accueillit, jusqu’en 1958, Mistinguett, Jean Gabin, Fernandel, Gaby Morlay et tant d’autres qui honorèrent le livre d’or. Le lieu, qui a gardé son nom et sa façade ancienne, se dotant d’une belle terrasse avec vue sur le Rhône et les vignes, a été racheté par Isabelle Strasser, qui l’a modernisé sans lui faire perdre son âme.
Cette passionnée de vin et de gastronomie a rénové la table avec soin, gardant son cachet à sa demeure, confiant le soin au facétieux Hippolyte Romain d’imaginer des fresques chics, modernes et colorées, évoquant les personnages de passage ici même. Aux fourneaux, un jeune couple à peine trentenaire, Camille Lacome et Agathe Richou, pourvus d’un beau parcours, redonnent au lieu ses lettres de noblesse. Lui, natif de Bagnères-de-Bigorre, a oeuvré avec Philippe Labbé à la Tour d’argent, Christophe Roure au 9ème Art à à Lyon. Elle, native de Niort, pâtissière de talent, a travaillé également à la Tour d’Argent – où ils se sont rencontrés -, puis chez Christophe Pelé au Clarence à Paris.
La maison est jeune, mais le service déjà rodé, la carte des vins rhodanienne bien fournie et les menus ont du répondant. Témoins, les jolies idées du moment qui se nomment crème vichyssoise aux poireaux et pomme de terre, avec crème montée et poudre de moules, tomates de Monsieur Cayron, avec eau de tomate gélifiée et crème glacée burrata, œuf parfait avec champignons de Paris, sabayon au vinaigre de xérès, jeunes poireaux étuvés, barbue confite à l’émulsion de coquillages, purée d’oignons blancs des Cévennes et compotée de rhubarbe ou encore épaule d’agneau de Sisteron laquée, avec aubergine du Japon à l’huile dé curry et pickles d’ail nouveau.
Là-dessus, on goûte les Châteauneuf-du-pape de Pierre André en blanc, le domaine la Barroche ou celui de la Charbonnière cuvée les Hautes Brusquières, en rouges, riches, séveux, épicés. Et, côté desserts, c’est le grand opéra signé de la petite Agathe, avec le splendide vacherin à la framboise et sa crème glacée au yaourt grec, les subtiles profiteroles au chocolat minute, le frais sorbet aux herbes, estragon, coriandre, persil et cerfeuil, en liminaire, et encore le royal abricot rôti au thym, avec sa crème de cardamome verte et son étonnant sorbet aux amandes, vif, fringant, estival. Voilà une table dont on va vite parler !