La Petite Cour

Régis Versieux et Jean-François Larpin © GP

C’est « the » jeune chef du moment à découvrir. Le buzz des blogs ne l’a pas encore effleuré. La presse l’a oubliée. Il faut dire qu’il officie, depuis peu (deux mois à peine), dans un lieu connu depuis trois décennies au moins dans le quartier des éditeurs. Il s’appelle Régis Versieux, a 32 ans, a été formé à l’école Robuchon, a perdu (!?) son temps à la Villa avenue Friedland, où il réalisait une improbable cuisine de brasserie fusion. Dans cette Petite Cour façon  « Second Empire », avec sa terrasse ouverte en arrière-plan sur le marché St Germain, il joue sa carte véritable.

Maquereau mariné minute © GP

Le pané de gambas (genre fish & chips du genre) avec sa sauce tartare, le maquereau mariné minute avec ses jolies carottes fanes, qui revoit le bon vieux maquereau au vin blanc en légèreté et fraîcheuir, ou encore le cabillaud rôti au bouillon de langoustine et petites crevettes grises  avec ses petits pois croquants sont pile poile. Un brin d’émulsion, de chapelure, guère de fioriture. Du légume bio, de la légèreté, de la fraîcheur, de la santé: voilà comment respire cette cuisine à l’air libre.

Cabillaud au bouillon de langoustine

Evidemment, si, comme moi, vous aimez le solide, le juste, le terrien, l’incarné, jetez plus qu’un oeil et croquez dans le joli morceau de cochon de lait rôti avec pied de porc en croustille, plus pomme de terre au boudin noir en mille-feuille: absolument superbe! C’est généreux, (trop) copieux, riche, mais fort bien fait. On y ajoute un registre de desserts malicieux (variation autour de la passion, baba au rhum de la Réunion,  financier au thé vert Matcha et citron safran) qui séduira même les ennemis du sucré. J’en connais!

Cochon de lait rôti © GP

Le jeu des formules permet de rester raisonnable. La carte des vins démarre juste, avec un gamay d’Henry Marionnet à 19€. Mais le château Gressier Grand Poujeaux Moulis à 46 € le 2006 fait un grand flacon au prix juste, admirable de fruit, de profondeur et d’équilibre. La terrasse a évidemment du succès l’été. Le cadre rouge chantourné avec ses fauteuils de velours est propice aux dînettes intime et le patron, ce briscard de Jean-François Larpin qui a vu ici passer du monde, non seulement en salle (comme Robert Laffont qui eut là son rond de serviette) ou Gilles Epié, qui fut l’un de ses chefs, côté fourneaux, connaît la musique et veille le service avec doigté. Réservez!

Autour de la passion © GP