Sureau, promeneur érudit et imaginaire
Un bavard très discret, un promeneur qui ne quitte guère sa bibliothèque, un érudit doué de raison, qui laisse exploser ses connaissances en tout sens, disserte, au fil du cours de la Seine (l’Or du temps du titre, c’est elle), de tout, de rien, de l’histoire, des écrivains, des lieux, de la France, qui revient, qui advient. Il y a tout cela chez François Sureau, écrivain, romancier, avocat, conseiller d’Etat. De Gaulle, Pétain, le général Mangin (et son gendre, Diego Brosset, sculpté sur le fleuve pour l’éternité, entre le port de Grenelle et le quai Branly), mais aussi Babar et Paul Meurisse (du 2e Souffle à la Vérité, en passant par le Monocle rit jaune, symbole de l’élégance française), Isabelle Adjani (figure de l’intégration) et Claude Pinoteau, qui fait de Lino Ventura un parfait espion à la française (sous le nom de Clément Tibère dans « le Silencieux »), les surréalistes d’Aragon à André Breton, en passant par leur opposant sublime, le picaresque boxeur/poète Arthur Cravan, dont Sureau brosse un fort joli portrait, la balade est longue, le trajet sinueux, la flânerie songeuse. Elle suit les méandres de la Seine (des origines à Paris), mais pas seulement. Sureau s’est inventé un précurseur d’origine russe, peintre, chroniqueur, partant à la source du fleuve, Agram Bagramko, qu’il cite deux cent fois jusqu’au vertige, reproduisant même ses estampes qui orneraient le musée de Vancouver. Il mêle ainsi histoire et littérature, réalité et imaginaire, pour narrer son « histoire personnelle de la France« . Impossible, en effet, de ne pas songer ici à classique errance de François Georges, qui liait écrivains et lieux, cherchant le sens des choses derrière les signes apparents de notre géographie pérenne, sous ce titre emblématique. François Sureau (tiens, tiens, ils portent le même prénom), s’explique en liminaire sur son propos fleuve : «J’ai commencé à l’écrire en descendant le fleuve de la source à la mer et pourtant sans bouger de chez moi parce que je ne savais plus quoi penser de ce pays qui est le mien et que je n’ai jamais cessé d’aimer. C’est aussi le pays de mon père, dont une maladie commune effaçait la mémoire, et sans doute ai-je voulu aussi me faire, pour conjurer le sort, l’historien de l’oubli.» Apollinaire, le flâneur des deux rives, le poète déambulatoire de Zone, l’homme du Pont Mirabeau, est, bien sûr, comme son ami et précurseur Cendrars, l’auteur du Transsibérien et des Pâques à New-York, largement convié à sa promenade. Celle-ci, qui témoigne d’une culture immense, foisonnante, éclectique, est-elle trop longue? Sans nul doute. Part-elle dans tous les sens? Bien évidemment. Mais c’est bien dans cet art de la digression que Sureau excelle. Et peut on reprocher à un artiste de témoigner de trop de dons?
L’Or du temps de François Sureau (Gallimard, 848 pages 27,50 €).
véritable bonheur que cette lecture, je me promène, je me ballade, j’apprends, laissez le livre et reprendre à petite dose
Ravie
Bien d’accord avec vous. Bagramco n’apporte rien. De plus le style est lourd. , parfois confus et alambiqué
Certains personnages ne sont pas toujours bien intéressants. On s’en passerait bien volontiers.
Dommage. Ses articles dont mieux ficelés.
Ce livre qui se veut érudit est parfois fumeux.
Que n’est il Jean d’Ormesson qui malgré son côté je sais beaucoup de choses et réfléchi au sens de la vie , reste clair, lumineux et Souvent drôle
Plutot d’accord avec À Desforge
Le style plutôt lourd rend la lecture difficile. On s’accroche pourtant mais Bagramko finit par vous lasser et vous fait perdre le fil. Les personnages présentés ne sont pas toujours passionnants
C’est touffus
Dommage
Ses articles sont mieux ficelés
Ne pas se joindre aux concerts de louanges unanimes qui inondent actuellement les médias sur l’œuvre en question est affaire aussi délicate que dangereuse.
L’on va passer assurément pour le dernier des crétins. Mais bon prenons en le risque.
Franchement sortir un pavé de plus de 800 pages, si l’on n’est pas un grand écrivain , vaut mieux éviter.
Cela devient rapidement indigeste.
L’homme est sympathique, cultivé assurément ( et a visiblement très envie que cela se sache) mais son brouet est bien pesant. Et je ne parle pas seulement du style.
Lourd , mais d’un lourd celui-là !
Quand à Bagramko et son copain Grigoriev s’ils ne vous horripilent pas au bout de la deux centièmes citation ou référence, c’est que vous avez le cuir bien épais et l’estomac en béton .
Au total , entre quelques passages parfois intéressants et des cuistreries , elles, bien agaçantes l’on s’ennuie ferme.
Je doute que ce boulet reste à jamais dans l’histoire de la littérature.
Passera sans doute l’été, peut être même la saison des Prix… mais guère plus.
L’écoute de Sureau est épatante j’ai commencé le livre
Erreur sur les haricots sauteurs Breton Caillois ce n’est pas au café que ce déroule l’anecdote mais chez Breton en présence de Lacan cf Fronton Virage,préface à une étude sur R Roussel de Jean Ferry
Merci pour votre commentaire. Vous confirmez mes craintes… Je vais donc m’abstenir… et relire Claudio Magris…
l’ilustre inconnu Bagramko qui revient dans toutes les pages ou presque : au début c’est amusant mais après la centième page cela devient pesant.
Quelques passages intéressants et encore ! Rien de bien nouveau sur Apollinaire.
Beaucoup de logorrhée scripturale; ce livre finit par vous tomber des mains.
Pourtant j’ai plongé et suis ressorti sain et sauf en mes vertes années de la marmite des surréalistes, d’Isidore Ducasse et du poète assassiné.
Je me suis fait avoir par le titre me surprenant ne trouvant pas cet ouvrage en rayon à demander au libraire : « je cherche l’or du temps ».
J’ai très envie de le lire aussi… mais je redoute la forme avec la création d’un « faux » personnage, Bagramko… Dans Danube, Magris parle à la première personne… Il faut que je le feuillette.
Je ne pensais pas rentrer dans un roman et je me suis fait complètement balader par Bagramko. Je sors de ce livre avec en tête l’image du manteau d’Arlequin de Michel Serres. Un immense plaisir de lecture.
L’auteur a prévu de poursuivre la promenade entre Paris et l’estuaire, à la faveur d’un second volume, que l’on savoure à l’avance !
Excellent ! : la meilleure rêverie (ne parlons pas ici de récit) de voyage, dans la lignée du « Danube » de Magris… Qui a dit trop long ? Je l’ai siroté comme une douceur, une gourmandise de lecteur, en quelques jours… Monsieur Sureau, merci : peut-être pourriez-vous penser à la Loire ?