Amanda Sthers et sa lettre d’amour sans le dire
On la suit depuis « Ma place sur la photo », sans jamais se laisser piéger par ses métamorphoses. Qu’elle se place dans les pas de Johnny Hallyday (« Dans mes yeux« ), de Liberace, d’un éleveur de porcs en Israël (« Les Terres Saintes »), de deux ashkénazes à Kaboul (« Chicken Street ») ou d’un latin lover au coeur brisé à Porto Ercole (« les Promesses« ), Amanda Sthers retombe toujours sur ses pattes. Cette fois-ci, elle rédige à la première personne une longue lettre d’amour non-dit à un masseur japonais séducteur et fort discret, pour qui son héroïne se met à apprendre l’idiome nippon afin de mieux communiquer.
Elle se met ainsi dans la peau d’Alice Cendres dite Alice Renoir, dame du Nord, native de Cambrai, férue de « bêtises », ex-prof’ de français, 48 ans, qui a gâché sa vie et son enfance, hésite sur le destin de son existence. Elle se raconte, se confie, se révèle. Fille-mère, issue d’un milieu modeste, chassée de chez elle par un père violent, maltraitée par les hommes, elle est peu à l’aise aussi avec sa propre fille qui a épousé un homme riche et dont la belle-famille est source de confits et de malentendus.
Elle devient grand-mère par mégarde. N’arrive guère à transmettre, expliquer, faire connaître sa passion, tente de rendre palpable son amour non par des mots mais des gestes, tente d’aller plus loin. Sa lettre, confession, autobiographie, auto-analyse, aveux successifs, intrigue, noue, bouleverse. C’est le signe d’un nouveau départ. On croit à ce personnage qui avoue peu à peu ses craintes, ses hantises, ses malheurs, ses espoirs malmenés. Amanda Sthers fait de ce bref roman, à l’écriture nette, vive, précise, cursive, sobre, sans éclat inutile, le portrait en creux d’une femme d’aujourd’hui qui cherche sa vérité. Poignant.
Lettre d’amour sans le dire d’Amanda Sthers (131 pages, 14,50€).
À 48 ans Alice, professeur de Français d’origine modeste, quitte sa ville natale dans le Nord pour rejoindre Paris à la demande de sa fille qui vient de faire un « riche mariage ». Elle s’ennuie dans cette ville qu’elle ne connaît pas, se sent rejetée par cette nouvelle famille, déprime et se réfugie dans sa passion, la lecture. Un jour, au cours d’une balade, elle entre par erreur dans un salon de massage pensant être dans un salon de thé et là, entre les mains de Akifumi, elle se réveille, se révèle à elle même, s’ouvre à la vie, à l’avenir mais aussi à son passé enfoui. J’ai adoré ce monologue introspectif et la sensualité du rythme et des mots. JM
Amanda STHERS est au sommet de son art.
Pas de paravent entre elle et le lecteur,
elle se donne, elle donne tout, elle lâche les
chevaux, c’est bien construit, merveilleusement
bien écrit, je reconnais l’écriture de « Madeleine »,
unique. Merci. F.PAIN
C’est le premier de ses livres que je lis.
Son style est agréable, concis, Amanda va, à l’essentiel. L’histoire de cette femme, probablement tellement courante, m’interpelle quoiqu’il en soit…
J’ai ressenti le besoin de connaître mieux l’écrivaine et j’attends de recevoir « Holly Lands », peut-être de voir le film aussi…et plus.
J’aime ce que dégage cette personne qu’est Amanda Sthers…