La vie de bistrot ? Celle sur laquelle se penche Pierre Boisard qui découvre, par hasard, le bel air du Martignac,  rue de Grenelle, comme un havre, avec son cadre à l’ancienne, son patron charmeur, sa cuisine vraiment maison. Ce faisant, il va devenir un habitué, se faisant l’historiographe du genre et l’hagiographe de son patron, Yves, originaire d’Auvergne mais né à Paris. Son itinéraire, sa passion pour le foot puis la cuisine, l’art de recevoir, l’apprentissage à Chester en Angleterre, le retour au pays des racines, celui de Fernand Raynaud, avec les armes dans l’auberge de sa mère à Thiers, Puy-de-Dôme, avant le retour à la capitale et, à travers lui, l’aventure de tous les Auvergnats de Paris. Une vie de café, une vie de convivialité : Pierre Boisard, à qui on doit un mémorable « le camembert, mythe français », pratique une sociologie « sur le tas« , n’hésitant à recourir à la première personne, à faire ami-ami avec son sujet, à extrapoler avec justesse à travers un cas pas si unique que ça. Autant de bonnes raisons pour lire ce livre riche et fervent, à l’heure où l’absence de cafés nous manque tant.

La vie de bistrot de Pierre Boisard (PUF, 207 pages, 19 €).