Un homme libre

Article du 7 mai 2020

Il se raconte, s’explique, se défend, dresse un bilan, dessine un itinéraire, trace des lignes, esquisse une trajectoire. En à peine plus de 120 pages, Alain Finkielkraut, qu’on suit au moins depuis « Le nouveau désordre amoureux », « Au coin de la rue l’aventure », « Ralentir :  mot-valises » et « Le juif imaginaire », c’est à dire près d’un demi-siècle – eh oui !-, prend le temps de la pose, revient sur ses années gauchistes ou libertaires et réaffirme qu’en « tandem » (avec Pascal Bruckner) ou seul, il a toujours eu à coeur de « penser à contre-courant », mais surtout de laisser libre cours au débat, de s’ouvrir sur ce monde qu’il considère toujours, malgré les reproches, malgré ses regrets, avec optimisme. Libre de son allure, de sa réflexion, de ses choix, Alain Finkielkraut a su ne jamais dériver de ses premières amours philosophiques. De Kant à Kierkegaard, de Sartre à  Jankelevitch, de Heidegger à Paul Celan, il a su penser librement sans jamais se fourvoyer sur des chemins de traverse. Dès l’abord, il s’affirme dignement en successeur de ses maîtres, reprenant fièrement l' »amor mundi » de Hannah Harendt selon laquelle : « ce sont des hommes, et non pas l’homme, qui vivent sur cette terre et habitent le monde. » Lire son livre, comme une confession, une profession de foi, un bréviaire, une salve d’optimisme, c’est recevoir avec justesse l’aveu d’un homme libre.

A la première personne d’Alain Finkielkraut (Gallimard, 122 pages, 14 €).

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Publié le 7 mai 2020 par

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