Stéphane Denis et le mâle blanc

Article du 18 avril 2020

La scène se passe en Morénie, c’est à dire nulle part. En Syldavie, sinon à Monaco ou au Lichtenstein, bref une principauté du cœur de l’Europe, qui pourrait faire figure de contrée idéale, sans guerre, ni confit, ni heurts majeurs. Où règne une sorte de fausse sérénité, sur laquelle veille en apparence le margrave Albéric surnommé le Mâle Blanc. « Sur le plan démocratique, nous dit Stéphane Denis, les Moréniens sont à la fois actifs et indifférents ». On comprend vite qu’Albéric y dispose d’un pouvoir absolu… dont il n’use guère. Mais quand il veut en faire usage et déroger à la règle du mariage de convenance avec une princesse « utile », et décide d’épouser la jolie Bubele, fille du pâtissier de la ville, mettre les habitudes de ses concitoyens à l’heure moderne, tout peut changer. Sur le thème éternel de la démocratie, de l’absolutisme, du pouvoir réel et des idées de réforme, l’auteur des « Evénements de 67 » et de « Un Espion trop parfait » trousse un conte moral et philosophique très voltairien, amusant et sarcastique, ironique et cynique. La fausse documentation, mise en avant par le narrateur dont l’imagination le cède à l’érudition, prend tout son sel. La Morénie ressemble-t-elle à nos républiques actuelles? Et Zadig aurait-il pu être morénien?

Le mâle blanc de Stéphane Denis (Grasset, 138 pages, 15€).

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Publié le 18 avril 2020 par

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