Les pieds nickelés en Syrie selon Christophe Donner
Cela s’appelle « Quatre idiots en Syrie ». Et cela aurait pu être « les pieds nickelés chez Bachar El Assad ». Christophe Donner raconte ici, de façon picaresque et avec un sens aigu de l’autodérision, son voyage homérique en compagnie de trois intellectuels français dans un pays miné par la guerre civile et dont le régime cherche à redorer le blason. Le motif? Une invitation ludique à un hypothétique festival du cheval. Parmi les invités se trouve un certain Jean-Louis Gouraud, qui pourrait être le descendant du général Gouraud, qui, en 1920, réprima dans le sang la révolte nationalise syrienne. Autant dire que le voyage ne s’avance guère sous les meilleurs auspices. Un druze malicieux et ambitieux, Adnam Azzam, est censé leur faire écrire, montrer, raconter ce qu’ils ont vu… à sa manière. Bref, qu’ils jouent les « idiots utiles ». D’où le titre. Christophe Donner, à qui on doit notamment « l’Empire de la morale » et un « Roi sans lendemain », narre avec une vraie drôlerie, mais sans éclat, rédigeant à la pointe sèche, ce qui ressemble à un périple à risques, épique, périlleux, cahotique. Si le voyage est partiellement raté, le livre, façon sotie ou conte moral et drôlatique, est, lui, parfaitement réussi.
Quatre idiots en Syrie de Christophe Donner (Grasset, 154 pages, 17 €)