Incident au fond de la galaxie de Etgar Keret

Article du 13 avril 2020

Tonique, drôle, doux-amer, absurde, désabusé, ironique : il y a tout cela chez Etgar Keret, dont on avait adoré 7 années de bonheur.  En temps de confinement, la lecture de ses textes décalés valent tous les anti-dépresseurs. Ses 22 nouvelles, de longueur inégale placent le malaise d’être à la hauteur d’un bel art. Un homme triste et seul, comme ils le sont souvent dans ses histoires, se retrouve propulsé en homme-canon, dans un cirque roumain, au cœur de Tel Aviv. Un père divorcé assiste, impuissant au suicide d’un homme qui se jette du 4e étage d’un immeuble ordinaire, tandis que son fils qui l’accompagne veut voir l’homme voler, tout en réclamant, obstinément, une glace.

Le jour de son anniversaire, un jeune homme, trop gros, de 50 ans, reçoit un crumble de sa mère, qui lui interdit de manger autre chose et veille sur son obésité. On passe sur ce couple qui se déchire en visitant Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, à Jérusalem. Ou sur les e-mails multiples et drolatiques d’un fils à une société d’informatique désireux de faire visiter une « escape room » à sa mère, le jour de la Shoah, ce jour férié absolu en Israël, où tout est fermé, afin de lui faire oublier ses mauvais souvenirs. On glisse sur ses autres histoires inénarrables et méchamment drôles, scabreuses et désespérées qui donnent à penser que rien ne tourne rond sur notre planète. Entre Kafka et Philip Roth, entre Pierre Desproges et Woody Allen, il restait une place à prendre. Bienvenue à Etgar Keret!

Incident au fond de la galaxie de Etgar Keret, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech (Editions de l’Olivier, 234 pages, 21,50€).

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Publié le 13 avril 2020 par

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