Il est temps de relire! Voici mon compte-rendu d’un livre emblématique de Jean-Paul Kauffmann paru dans le Point en 2007. Le titre est disponible en poche. Bonne lecture et douce relecture…

Il rentre de captivité, veut s’installer pour se délivrer, s’offre une nouvelle réclusion. Ce sera les Tilleuls au cœur des Landes : une vaste demeure dans les bois qui abrita, durant la dernière guerre, les amours des SS. Jean-Paul K., le biographe de Napoléon à Longwood, l’explorateur lunaire des Kerguelen, en fera sa thébaïde. Il fraye, mais à peine, avec ses voisins, avec qui il partage un Palmer 1961 ou un Petrus 1971, surveille, mollement, les travaux, opérés par deux Castor & Pollux Portugais, se lave à l’eau ferrugineuse du puits, apprend la paresse avec tendresse et passion. Peu à peu, il se coule dans ce moule landais, que lui, l’homme de la Mayenne et des hautes terres atlantiques connaissait peu. Et en fait son territoire.

Cette « maison du retour » est à la fois un livre-confession, une leçon, une de plus, sur l’enfermement, avec des grâces d’écriture à la Chardonne (« il me faut des ciels mouillés, des chemins creux, une lumière changeante et fraîche, les prairies luisantes, l’odeur putride de la marée, les emportements du vent »). Entrepris avec lenteur, poursuivi avec gourmandise, conclu avec raison et passion, voilà un livre complice qu’on lira et relira comme une sorte de manuel savoir-vivre, en forme de mode d’emploi pour mieux aimer et comprendre les maisons, toutes les maisons. Un bien bel hommage au retour à soi par un misanthrope passionnément livré à l’amour du monde.

La maison du retour de Jean-Paul Kauffmann (Nil éditions, 296 pages, 22,90€ et Folio, 304 pages, 8,90 €).