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Quand Cyril Lignac raconte sa vie pour le goût

Article du 17 mars 2020

Une vie pour la gourmandise, une « demi-vie » – l’auteur qui est aussi le héros du récit n’a que 42 ans -, avec des chapitres rythmés au fil de plats d’enfance, ludiques ou de passion, ou comment un enfant de l’Aveyron, né face aux champs dans une famille aimante, élève turbulent et dissipé, devient une star gastro-médiatique de notre temps : voilà, l’autobiographie passionnante et passionnée de Cyril Lignac.

Pas un livre de recettes, même si certaines, fondatrices (comme le gâteau marbré chocolat-vanille ou le craquant de cèpes à la crème d’ail) se glissent entre les pages. Mais un parcours, un cheminement, un accomplissement, bref une success story autant dire une vie comme un roman. Le créateur de « Oui, chef! », le chef fusionnant de « Aux Prés » livre ici ses croyances, ses espoirs, sa foi, l’amour de sa mère, l’attachement au terroir, plus les émois d’un jeune homme de notre temps timide, sensible aux goûts nouveaux, à l’évolution des choses, qui court le monde à sa manière raisonnée, se trouve fasciné par les épices de Marrakech comme par l’éclectisme new-yorkais, sans omettre, en préalable, le difficile apprentissage chez Nicole Fagegaltier à Belcastel, la formation chez Alain Passard à Paris, puis avec les frères Pourcel, à la la Maison Blanche et à la Suite des Guetta.

Après cela ? La télé vécue sans folie par une star qui n’était pas destinée à l’être. Puis l’entrepreneur, qui cumule les enseignes (le Quinzième, le Chardenoux, Aux Près, le Bar des Prés, bientôt Ischia), et se double, avec son associé Benoît Couvrand, d’un pâtissier de talent créant le premier gâteau gris de l’histoire (Equinoxe). Bref, voilà une histoire de goûts en train de se faire qui ne manque pas de sel.

On y ajoute le joli coup de plume d’Elvire von Bardeleben, responsable de la rubrique mode du Monde, ex journaliste à Libération et à Vogue, qui donne ici un éclairage limpide et juste à cet itinéraire zigzagant, qui démarre en trombe avant l’accident de scooter de notre héros qui va prendre le temps de la repli sur soi, se livrant là, en rescapé chanceux, devenu zen ou presque, à une réflexion salutaire. Bref, un livre de gourmandise et d’expérience humaine vraiment pas comme les autres. A lire sans attendre et sans modération !

Histoire de Goûts de Cyril Lignac avec Elvire von Bardeleben (Robert Laffont, 180 pages, 18 €)

A propos de cet article

Publié le 17 mars 2020 par

Quand Cyril Lignac raconte sa vie pour le goût” : 3 avis

  • Pan sur le bec !!!

  • Cher Jean-Pierre, désolé de vous contredire deux fois:
    1/ l’apprentissage de Cyril Lignac dut difficile de son fait, il le souligne dans son livre que vous n’avez probablement pas lu, car il ne sentait pas « au niveau » de cette maison qu’il admirait. Le récit de son premier ratage du navarin d’agneau est d’ailleurs très éclairant.
    2/ j’ai connu, ne vous en déplaise, le vieux Pont à Belcastel il y a 25 ans et y suis retourné plusieurs fois- la maison de Nicole et sa soeur Michèle – et de son mari Bruno – figure dans mon livre « Elles sont chefs » paru en 2005 chez Flammarion (photos de Maurice Rougemont) – j’y suis retourné en juin 2018 – et sur une photo, on voit Nicole lire cet ouvrage ancien qui parle d’elle…
    Bien à vous

  • Gilles, la mention « le difficile apprentissage chez Nicole Fagegaltier à Belcastel » dans votre commentaire est insultante pour cet établissement … que vous avez découvert bien tardivement d’ailleurs !

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