Les derniers jours de Beckett vus par Maylis Besserie
Il n’a cessé d’écrire sur la fin des autres (« Oh, les beaux jours« , « Fin de Partie« , « Tous ceux qui tombent« , « Malone meurt« ), l’attente d’hypothétique d’un Dieu qui n’arrive jamais (« En attendant Godot« ). Voilà Samuel Beckett, irlandais devenu français, prix Nobel de Littérature 1969, bien malgré lui, se retrouvant dans une maison de retraite du 14e arrondissement parisien face à sa propre déchéance. Le nom du lieu: le Tiers Temps. Maylis Besserie dont c’est là le premier roman, tisse avec un mélange d’humour noir et d’ironie bienveillante, très « beckettienne », le fil des heures, qui seront les dernières, du grand écrivain irlandais. Pensées récrées, inventées (il s’agit d’un roman, non d’une autobiographie déguisée), conversations parallèles avec les infirmières qui bichonnent le grand homme jusqu’à sa fin, journées monotones entrecoupées de repas diaphanes, de souvenirs prenants : voilà de quoi est fait ce livre étrange, prenant, singulier, entre dérision noire et humour implacable.
Le tiers temps de Maylis Besserie (Gallimard, 184 pages, 18 €.)