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La mémoire vagabonde de Frédéric Vitoux

Article du 5 mars 2020

Frédéric Vitoux ? On le suit depuis si longtemps qu’on pense ne l’avoir jamais quitté. Comme on prolonge la conversation ou plutôt l’écoute avec un cousin, un oncle, un ami. Il a nous tant parlé de l’Italie, de l’île Saint-Louis, de son père aussi, qui eut quelques ennuis à la Libération, de son attachement à quelques écrivains, dont Céline, dont il fut le biographe à sa manière féline, contant la vie de son chat Bébert, qu’on croit n’être à l’abri d’aucune surprise. Cette fois-ci, entamant ses mémoires à sa façon buissonnière, prenant son temps, cultivant la digression comme un bel art, n’hésitant pas à revenir en arrière,  il nous parle des siens, de son père, qu’il visita très jeune à Clairvaux, de Nicole, libraire à l’Etrave, qui partage sa vie et son île depuis si longtemps, de l’Irlande où leur amour se révéla, de Joyce et de Leopold Bloom dont ils suivirent les traces, à Dublin, mais aussi de l’escrime, sport où il excella et grâce auquel, à force de ténacité, il fut champion d’académie. On oublie au passage Lisette de Brinon, qui assista, malgré elle, à l’exécution de son mari, comme ce jeune homme qui demande  à l’épouse de Céline de résumer son mari en deux mots et surtout cette sentence, empruntée à Ginger Rogers et à un vieux film oublié, se demandant si « les riches ne sont pas juste des pauvres avec de l’argent ». Vitoux? Un maître-conteur, nonchalant, fugace, vagabond. Qu’on s’apprête à suivre encore dans d’autres aventures.

Longtemps j’ai donné raison à Ginger Rogers de Frédéric Vitoux (Grasset, 368 pages, 22 €).

A propos de cet article

Publié le 5 mars 2020 par

La mémoire vagabonde de Frédéric Vitoux” : 2 avis

  • Darcie Molly

    parle des siens, de son père, qu’il visita très jeune à Clairvaux,

  • récemment regardé ce film, un film soul ne s’ennuiera jamais

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