Jacko's Street
« Jérusalem : connaissez-vous Jacko’s Street ? »
Jacko’s Street ? Une contraction des noms de Zakai Houja, le chef, passé dans les cuisines de Shalom Kadosh, le « Bocuse casher », au Leonardo Plaza, et dont le père est poissonnier (ce qui garantit l’extrême fraîcheur de ce qui est servi ici venant de la mer) et Rafi Revivo, l’homme de salle, qui animent cette table tendance et casher, proche du Machané Yehuda, doublée d’un bar aux allures très privées.
Le lieu, avec son comptoir, sa vaste salle bruyante, ses nombreuses tablées de jolies filles, qui dînent volontiers entre elles, son premier étage dédié notamment aux anniversaires et aux familles, fait se croiser les ambiances de Tel Aviv la trendy et de ses tables festives avec la cuisine respectant les règles de la cashrout qui règnent le plus souvent à Jérusalem la religieuse.
Rafi, qui a conçu une carte pleine de malice et de séduction multiple, mixe avec adresse, en des assiettes colorées, ses ascendances italiennes et irakiennes. Ainsi le joli carpaccio de mérou à la poutargue et celui d’aubergine au goût joliment brûlé avec ses minces tranches de radis, la « fricassée » de thon à la tunisienne, servie dans sa pomme de terre frite, avec oeufs durs et poivrons, le bien joli risotto kurde aux blettes, ail et céleri, aux airs de fregula sarde, qui composent une petite musique méditerranéenne pleine de caractère.
On ajoute le savoureux kebab de bœuf et blettes à la marocaine, les « cigares » également marocains, avec bœuf, ris de veau, tehina, pois chiches, ou encore le mérou avec nouilles, tomates, poivrons et sumac, qui continuent sur la même lancée néo-médterranéenne, orientale et séductrice. On partage, on grignote, on savoure, tandis que la table d’à côté danse, chante, fredonne, s’agite, s’anime. Le bruit de la musique d’ambiance est, certes, assourdissant, empêchant toute conversation sérieuse, les serviettes sont en papier (un mauvais point pour un cadre plutôt chic!). Reste que l’on se délecte ici d’une atmosphère pleine de gaîté et de saveurs neuves ou retrouvées.
On y ajoute l’exceptionnel bœuf prime rib en provenance du Nebraska d’une tendreté sans faille, avec sa sauce chimichurri. Plus une carte des vins qui fait le tour d’Israël, de Galilée, du Golan (Yarden), des monts de Judée, version casher, évidemment, comme tout le reste. Plus des desserts à fondre : gâteau au chocolat avec guimauve et glace vanille ou pana cotta sésame et sorbet framboise.
Bref, voilà un lieu à visiter impérativement pour se persuader que Jérusalem a rejoint Tel Aviv au rang des destinations tendance. Au sortir du restaurant (ouvert uniquement le soir), on passera avantageusement par le marché Machané Yehuda, qui vit, désormais, à l’heure nocturne, avec ses stands gourmands. Eclairant d’un Israël gourmand et en mouvement…