Classement des palaces: la faute et les coupables
La casquette du voiturier du Ritz © Maurice Rougemont
J’avais presque oublié de vous en parler. Mais puisque tout le monde m’en cause, me pose des questions, me demande « pourquoi ? »ou « comment est-ce possible? », il me faut bien mettre mon grain de sel dans l’affaire. Il est vrai que nous sommes dans un pays où le ridicule n’a jamais tué personne. Où l’on classe donc les palaces en oubliant le plus mythique d’entre tous, le Ritz, et le plus chic qui soit, le plus parfait dans les moindres détails (là où, vous le savez, se nichent le diable), le « top du genre », bref, le George V… Et nul n’y comprend goutte. Ni vous, ni moi.
Le sommelier au George V © Maurice Rougemont
Coup monté, contre-pub involontaire? Je publie, ci-après, la liste des coupables. La bonne question est de savoir qui les a nommés. Et surtout pourquoi eux. Et quelle est leur compétence réelle à juger, jauger, hiérarchiser ou déclasser. Certes, il n’y a rien à dire et à redire sur Jo Oliverau, homme du sérail. Ni sur Jean-Michel Wilmotte, qui connaît sans doute les établissements qu’il a conçus ou concevra un jour – encore qu’en dehors du restaurant de Guy Savoy ou de quelques lieux insolites, comme l’hôtel du château de Mérys-sur-Oise ou le futur projet Garavan à Menton, je ne lui connais guère de savoir particulier dans ce domaine.
Dominique Fernandez, qui préside la dite commission de validation, est, lui, d’une culture encyclopédique pour tout ce qui concerne la littérature française contemporaine, l’Italie en général, comme d’ailleurs la Russie (cf ses Dictionnaires Amoureux chez Plon sur le sujet), mais il est aussi imbattable sur la période de l’Occupation (cf la biographie de son père « Ramon »). Reste qu’il faudrait avoir mauvais esprit pour juger qu’il pourrait préférer le Meurice, qui abrita le quartier général des forces d’occupation allemandes et le général Von Choltitz, dernier commandant du « Groß- Paris », à un hôtel dirigé par un américain, l’excellent Christopher Norton…
J’ajoute que j’aime bien Yves Rousset-Rouard, qui fut le producteur d' »Emmanuelle » et des « Bronzés », est devenu vigneron à Ménerbes, y imaginant un splendide musée du tire-bouchon. Mais les palaces dans tout ça? Et je ne dirai rien de mon vieux copain Gonzague St Bris, qui connait Musset, Balzac et George Sand, comme ses cousins, ou le Clos Lucé, comme une maison de famille. Mais le Ritz ou le George V?
Le mise en place au Ritz © Maurice Rougemont
Essayons de comprendre et de résumer la situation. La loi du 22 juillet 2009 de développement et de modernisation des services touristiques témoignait de l’ambition de rénover les critères de classement et de refondre la procédure permettant d’obtenir les « nouvelles étoiles ». Une catégorie Palace, au delà des cinq étoiles, a donc été créée qui vient d’être attribuée à huit établissements. Quatre sont lauréés à Paris, le Bristol, le Meurice, le Plaza Athénée et le Park Hyatt Vendôme, deux à Courchevel (les Airelles et le Cheval Blanc),un au bord de la Méditerranée (le Grand Hôtel du Cap Ferrat) et un sur la côte Atlantique (le Palais à Biarritz) par le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Frédéric Lefebvre. Parmi les candidats figuraient donc le George V et le Ritz à Paris, mais aussi le Negresco à Nice, qui n’ont pas été retenus… Le Crillon, en instance de rénovation, n’avait, lui, pas daigné envoyer de dossier.
Voilà ci dessous les membres commission évoquée plus haut.
1. Dominique FERNANDEZ, Académicien
2. Adélaïde de CLERMONT-TONNERRE, journaliste et romancière
3. Aliza JABES, Présidente et Fondatrice du groupe Nuxe
4. Hubert JOLY, PDG du groupe Carlson
5. Serge NICOLE, artiste-céramiste
6. Jo OLIVEREAU, ancien président-fondateur des Relais & Châteaux
7. Carole ROUSSEAU, animatrice de télévision
8. Yves ROUSSET-ROUARD, producteur cinématographique
9. Gonzague SAINT-BRIS, écrivain, critique, historien et journaliste
10. Jean-Michel WILMOTTE, architecte et designer français
Ajoutons que si on aime le modernisme sans clinquant du Park Hyatt Vendôme, d’autres hôtels auraient sans doute put faire valoir leur charme, leur magie. Ainsi que le Fouquet’s Barrière, le Royal Monceau, bellement et récemment revu par Starck, le Costes, le Lutétia, le Raphaël, sans omettre le neuf Shangri-La, ou, en province, le Régent à Bordeaux. Mais il paraît qu’il y aurait dans quelques semaines ou quelques mois une séance de rattrapage…
La mise en place au George V © Maurice Rougemont
Le Ritz et le Crillon vont tout deux lancer de grands travaux de rénovation. Le Ritz est amené à fermer sous peu pour cette raison.
N’oublions pas que l’attribution de l’appellation « Palace » s’est faîte sur des critères tangibles et intangibles. Taille de chambre, différents services, histoire des lieux, tout hôtel aspirant au titre de Palace devait respecter une liste de plusieurs centaines de critère tangibles qu’il me semble que le Ritz n’avait pas en règle.
Maintenant, l’arrivée de nouveaux Palace flambant neuf appartenant à des groupes asiatique a forcé les Palaces historique de Paris à se rénover. C’est assurément agaçant de voir que le Ritz et le Georges V n’ont pas reçu le titre de Palace, mais ils n’en restent pas moins de vrai Palaces aux yeux des clients.. Nul doute qu’après ses travaux le Ritz pourra obtenir le titre officiel de Palace.
D’ailleurs, en matière d’immortel, ll se dit que le réputé libraire Gérard Collard, qu’on voit à la librairie Griffe Noire, envisage de postuler pour être académicien .. Je trouve que cela donnerait un nouvelle élan à la noble institution, foi de Saint Maurien. Qu’en penser ?
Que Carole Rousseau, symbole de la vulgarité crasse à la télévision, fasse partie ce cette « commission » suffit à la discréditer…
Je reste très dubitatif particulièrement sur l’absence du George V et surtout assez triste pour ceux qui ont obtenu cette reconnaissance car je pense que cette appellation « Palace », qui partait d’un bon sentiment, est aujourd’hui totalement décrédibilisée par cette carence honteuse ! Mais notons ici que les meilleurs juges ont toujours été, sont encore et pour toujours les clients de ces belles maisons…
ce n’est pas un comité c’est une rafle…
effectivement cette joyeuse bande de foodclubbeurs est pour le moins hétéroclite
ils n’en tirent que la gloire du ridicule..
j’ai de la peine pour Fernandez, Saint Bris lui confirme ses promesses de dilettante
en résumé une tempête de glaçons dans un verre à cognac….
ps le Café Beaubourg n’est ce pas plutôt Portzamparc avec le concours d’Elisabeth ?
————————————-
Commentaire déplacé dans le bon article.
Webmaster
Dans ce « classement » le grotesque semble le disputer au ridicule !
Je m’interroge sur le classement de l’Hôtel du Palais à Biarritz : le cadre est superbe mais j’ai à plusieurs été surpris par la désinvolture de certains membres du personnel… Normal quand on saura qu’il s’agit d’employés municipaux (si, si, il faut le dire)!
Quand au Fouquet’s il faut reconnaître que la décoration de Jacques Garcia fait vraiment toc.
Au chapitre des compliments, j’apprécie le charme discret du Park Hyatt Vendôme : le chic et l’élégance.
Et le Ritz et le Crillon ? Ces lieux ne sont-ils pas magiques ?
Et dans 5 ans, durée maximale d’un classement dans le cadre de la nouvelle réglementation, ça risque d’être encore plus grotesque si l’un de ces 8 « palaces » se trouve déclassé de 5 à 4 étoiles !