La Diligence
« St Louis: les livres, les écrivains et… la winstub! »
Un article plus récent sur le même sujet est disponible sur notre site, vous pouvez le retrouver en cliquant ici
Saint-Louis et la foire du livre (que je nomme inopinément la fête, car c’en est une): voilà vraiment un truc de « ouf », comme disent les « djeunes ». Les écrivains viennent faire la bringue, se couchent tard, se shootent au riesling et au gewurztraminer, sont ravis de faire une orgie d’asperges (celles de Village Neuf, tout à côté), de découvrir à la fois l’Alsace (côté Sundgau) et la Suisse (Bâle et ses musées). Bref, voilà un carrefour qui a bonne mine.
Ce midi, les écrivains étaient conviés à faire connaissance avec une winstub. Et par là même votre serviteur, qui prétend tout connaître en Alsace, et il a tort, a fait une découverte forte plaisante. Une vraie winstub, donc, avec son ambiance heimlich (autrement dit: comme à la maison), avec sa charpente, ses deux étages, sa terrasse, son fort nombre de couverts (ce qui, stricto sensu, dépasse les limites du genre, car une winstub ou un « kachele », autrement dit un petit coin, c’est un lieu intime et caché, mais, bon, nous sommes chez les Haut- Rhinois, donc tout est différent et en Alsace, tout est faux et le contraire aussi)…
Bref, nous étions chez les frères Morand, François en salle, Frédéric en cuisine, formé jadis chez le grand Stucki à Bâle, qui tiennent cette vertueuse et rustique demeure depuis deux décennies. La demeure est fameuse dans le secteur pour ses tartes flambées du soir, ses petits plats, son bibelakas, sa tête de veau ravigote, ses croustillants de pied de cochon, son rognon de veau poêlé aux herbes, autrement ses mets tripiers, pleins de malice et de bonne volonté.
Ce midi, pour quelques cent personnes, avec Isabelle Alonzo, cachée sous un tableau d’alsacienne, les auteurs de Dictionnaire Amoureux, comme Alain Rey ou Gilles Lapouge, Gilles Cohen-Solal, éditeur séducteur/farceur et Gonzague St Bris, le biographe romantique (de Balzac ou du marquis de Lafayette et tant d’autres) et volontiers charmeur (Aurélie Streiff de Plon en sait quelque chose): bref tout ce petit monde était aux anges.
Le menu du jour? J’y viens, simple et épousant le marché du moment. Avec une brave salade d’asperges dite « printanière », un saumon poché sauce riesling au riz pilaff et épinards, enfin un aimable kougelhopf glacé. Sans omettre le très gouleyant auxerrois de Valentin Zusslin à Orschschwhir. Bref, un repas très léger, bien vu, sans dommage pour l’estomac. « Très correct », affirmaient en choeur les très doctes Alain Rey et Gilles Lapouge. Pourquoi ne pas leur faire confiance?