Allez les vieux ! par Pascal Bruckner

Article du 24 septembre 2019

« L’éternité, disait Woody Alllen, c’est long, surtout vers la fin » Pour Pascal Bruckner, l’éternité se fait brève et sous son titre, en forme de bel oxymore, se cache un neuf paradoxe, d’où surgit une réflexion riche, intense, variée, passionnée sur le nouvel apprentissage de la vieillesse, devenue, de fait, une seconde jeunesse. En effet, depuis un demi-siècle, l’espérance de vie a grandi de 20 à 30 ans. Alors qu’en 1750, seuls 7 % à 8 % des Français célébraient leur 60anniversaire, un enfant sur deux né aujourd’hui peut espérer devenir centenaire. Ce « bonus » se vit différemment  selon les uns et les autres. Amour, travail, effort, voyages, joie intense d’être en forme alors que nos ancêtres avaient déjà disparu: c’est bien d’un nouvel âge qu’il s’agit en ce début de XIXe siècle. A Vienne, jadis, sous François Joseph et l’empire austro-hongrois, il fallait paraître vieux, porter des rouflaquettes et avoir un peu de bedaine pour être pris au sérieux. Aujourd’hui, les dés sont inversés. Les « vieux » en basket prolongent une éternelle jeunesse, contournant d’habile façon le jeunisme ambiant. « C’est en quelque sorte mourir à la tâche que de vouloir demeurer pour toujours« , nous dit-il notre Pascal contemporain, devenu septuagénaire combattant, mariant humour et lucidité. Cette ambivalence jeunesse/vieillesse se retrouve brillamment disséquée ici, avec force exemples et statistiques, commentée, sinon vantée, expliquée, avec verve et discernement, comme une ode à cet « été indien de la vie », pour lequel Bruckner se livre à un fructueux exercice de sagesse appliquée. Un beau livre d’heures, que signe avec réussite l’auteur post-soixante-huitard d’Au coin de la rue l’aventure » (signé avec Alain Finkieklraut et paru en 1979…).

Une brève éternité – philosophie de la longévité de Pascal Bruckner (Grasset, 320 pages, 20 €).

A propos de cet article

Publié le 24 septembre 2019 par

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !