Daroco 16
« Paris 16e : le Daroco 16 est arrivé ! »
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Tiendront-ils? On le leur souhaite sincèrement. Ils n’auront pourtant épaté la galerie du 16e qu’une petite douzaine de mois, voulant rajeunir l’esprit d’Auteuil en reprenant l’ex Zebra Square devenu Zebra, sous leur houlette. Romain Glize, Julien Ross, Alexandre Giesbert se sont joyeusement fixé la dure mission de durer valablement en rééditant leur bon coup néo-italien de la rue Vivienne, en changeant l’enseigne et (un peu) le décor.
Sous le nom de Daroco, dans l’ancien show-room de Jean-Paul Gaultier, ils nous avaient bluffé à coup de jolies pâtes et de bonnes pizzas, sans omettre de plaisants cocktails, dans un cadre superbe. Idem, depuis le 1er septembre dans l’ancien Zebra. On connaît le lieu – où l’on vit passer tant de têtes fameuses à la tête de formules diverses et de fourneaux variés, des Derderian père et fils, en passant par Jean-Paul Arabian (avec ses tartares), de Patrice Hardy (qui fut étoilé à Neuilly) sans omettre le breton Thierry Burlot et, bien sûr, l’impavide Paul Pairet, avant qu’il ne fasse un triomphe à Shanghaï (Ultra Violet, c’est lui désormais, et l’on parle d’un retour prochain à Paris dans la Samaritaine).
Mais revenons à nos moutons, autant dire au trio Glize-Ross-Giesbert. Ces trois jeunes gens, dynamiques et séducteurs, ont, pour eux, la gniaque, les idées, la fraîcheur et, pour le dernier, notamment passé chez Gagnaire et Briffard (époque Elysées du Vernet), mais aussi au Richer, avec Charles Compagnon, la connaissance des beaux produits et le sens de la cuisine. D’où la qualité de ce qui se livre ici, sur le mode italien à la fois authentique et fantaisiste, avec une équipe 100% française en salle, mais largement transalpine en cuisine.
Des pizzas de belle qualité avec une pâte aérée, joliment fermentée, des ingrédients de bonne tenue (Margherita avec sauce tomate, fior di latte, basilic, avec fior di latte, espadon fumé, carpaccio de courgettes, basilic et citron vert), des antipasti choisis, comme le fin carpaccio de bœuf aux artichauts et pesto, la salade de sucrine relevée d’une vinaigrette à l’anchois et d’oignons frits, comme une « Salade Caesar » sans poulet, ou encore les sardines marinées aux herbes avec ricotta fumée et pistaches grillées, servies, certes, non salées, mais accompagnées de sa fleur de sel.
On pourra tiquer sur les beignets de mozzarella un brin étouffe-chrétien, flanqués d’une amusante sauce tomate façon ketchup. Mais les enfants sont ravis. Les choses sérieuses? La formidable côtelette à la milanaise, fine et tendre, avec sa chapelure au bon goût beurré, ses pommes sautées à la française en accompagnement ou une caponata. Mais les jolis pappardelle au ragoût de boeuf tomaté font un plat de résistance parfaitement assaisonné avec sa brave sauce paysanne citronnée, sa cuisson al dente.
Un coup de chapeau à la splendide carte de vins transalpine qui permet de casser sa tirelire à bon escient. Mais l’exquis Nero d’Avola sicilien Paccamora de Curatolo Arini à Marsala fait, à 29 €, une affaire à saisir, fraîche, friande, longue et ronde en bouche, fruitée comme l’onde. Un bémol en revanche, concernant les desserts fort peu italiens et assez peu compréhensibles, sinon totalement ratés, comme ce « nougat glacé inversé » genre génoise ou financier framboise-pistache avec son émulsion balourde et son sorbet framboise, qui ne ressemble ni de près ni de loin à un nougat glacé. Même inversé…
Le riche biscuit dit « Boullard », amande-chocolat, du nom de la pâtissière maison, avec sa gentille glace fleur de lait au grué, s’en tire un peu mieux. Mais on sent que la demeure, qui n’en est qu’à ses débuts, peut aisément mieux faire et plus léger au demeurant …
Le décor est superbe mais beaucoup trop de bruit ce qui n’est pas très agréable pour une soirée entre amis. problème d’insonorisation de cette grande salle.
Pizza décevante dont la pate est détrempée par le surplus de coulis de tomates. Pour le reste très bon vin.
En conclusion : beaucoup plus joli qu’une pizzeria classique mais beaucoup moins bon….
Merci de votre remarque. Qu’il est bon d’avoir des lecteurs sourcilleux!
Charles Compagnon au Richer. Pas Antoine…