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La douceur du Cap Ferret

Article du 25 avril 2011

Phare du Cap Ferret © DR

Ce n’est rien d’autre qu’une bande de terre qui s’effiloche entre le Bassin d’Arcachon et le grand Océan. Les villages se nomment Claouey, les Jacquets, Petit et Grand Piquey, Piraillan et puis le Canon aux demeures colorées ou l’Herbe, avec son église mauresque, son auberge pittoresque, ses cabanes aux chromatismes appuyés, ses venelles parcourues de rails, bordées de jacinthes et de roses trémières.

Il y a encore la Vigne, qui abrita jadis un vignoble de 30 ha, enfin Cap Ferret, avec son phare en bout de presqu’île, son quartier commercial dit Bélisaire, sa jetée du même nom, son quartier ostréicole aux cabanes de bois sombres, ses boutiques artistes, son poissonnier vedette, André Boulan, son hôtel star, la Maison du Bassin, avec sa boutique chic, l’Esprit du Cap, son bar boisé, le Tchanqué, avec terrasse et musique, où l’on boit un « rhum arrangé » aux fruits ou aux épices.

Une terre lointaine? Tous ces hameaux forment une commune étirée, portant le nom de Lège-Cap-Ferret, que l’on atteint en trois quarts d’heure depuis Bordeaux. Mais, il ne faut guère d’effort d’imagination pour se croire beaucoup plus loin. Le Cap ? C’est un air de Caraïbes en Gironde, pour les demeures colorées, les balcons coloniaux, les frontons ciselés, les lambrequins, les plages magiques aux noms poétiques: Grand Crohot, Truc Vert, qu’on atteint après avoir traversé une forêt de pins, ou l’Horizon.

Les chasseurs d’images viennent lorgner les espèces multiples de l’île aux Oiseaux ou du Banc d’Arguin, les amoureux des bateaux s’embarquent sur un canot à moteur ou, mieux, une pinasse qui est la gondole locale à fond plat. Le cinéma – le succès des « Petits Mouchoirs », tourné ici, avec l’aide de Joël Dupuch, ostréiculteur de charme- lui a apporté un regain de mode.  L’été, il y a foule.

On vient depuis en Arcachon, en une demi-heure, par la jetée, en bateau. Ou encore en voiture, on parcourt les 50 km de pistes cyclables, on se prélasse sur le sable, face aux parcs. L’huître est la reine du lieu. 500 « cabanes » lui sont consacrées. Une quarantaine d’ostréiculteurs, comme Ludovic Hiribarn, Sylvie Latrille ou Catherine Roux, accueillent avec gentillesse pour la dégustation de petites creuses de type gigas, fines, vives, iodées, peu grasses, salées, qui ont le goût de l’iode du Bassin, des courants de l’océan qui y pénètrent, mais pas de la vase dont les poches métalliques les protègent.

On s’assoit sur un banc, le temps de sacrifier au rite de l’huître prise entre les mains, juste ouverte, qu’on fait vibrer avec un rien de citron, et qu’on arrose d’un petit blanc d’entre deux mers. Le temps s’arrête. Au loin, on lorgne les silhouettes hautes des maisons arcachonnaises, les plages du Teich, la dune du Pyla qui s’effrange face à la mer.

Le Cap Ferret, où les hivers sont doux, où il ne fait jamais froid, où février est merveilleux, alors que le mimosa fleurit déjà, fut, dès les années 30, une terre aimée des artistes. Jean Cocteau y fréquentait l’hôtel Chantecler, jadis, au Grand Piquey, où il mena Raymond Radiguet, croisant Valentine Hugo et Georges Auric. Jean Anouilh avait sa villa de bord de mer, près de la jetée de Bélisaire. Julien Clerc ou Julien Courbet, Renaud, Pascal Obispo ou Philippe Starck sont, désormais, les Ferretcapiens d’aujourd’hui.

La commune et sa presqu’île ont échappé à leur destinée de Saint-Tropez de la Gironde: pas de palaces, pas de grandes unités hôtelières. La Maison du Bassin, bijou de charme d’un couple de voyageurs-décorateurs, amoureux du beau, ne possède que 7 chambres. Côté Sable, de Pascal Bataille, joue le luxe, mais sans outrance, le séminaire, mais sans le côté usinaire, en cavalier seul, face à la dune du Pyla. L’Hôtel des Pins, d’allure coloniale, avec ses 14 chambres simplettes, de l’entraîneur de football Gernot Rohr, ne brille pas son confort (rudimentaire). Le modeste, mais mythique, Hôtel de la Plage, en voie de rénovation, à l’Herbe, ne fait rien pour attirer le chaland.

Bref, le Cap Ferret, que l’on croit porté au pinacle de la mode, demeure un secret bien gardé.  Dont les habiles supporters, dont nous sommes, entretiennent la légende avec fierté

Office de Tourisme de Lège-Cap-Ferret, BP4-Le Canon. 33950 Lège-Cap-Ferret. Tél. 05 56 60 86 43.
Site : www.lege-capferret.com

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Publié le 25 avril 2011 par

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