The Lecture Room & Library au Sketch
« Londres : un Sketch trois étoiles »
Question à 150 pounds (le prix d’un repas ici même): pourquoi le Sketch n’a-t-il pas trois étoiles ? Toutes les cartes sont là avec un service d’exception, un décor hors norme, avec la « lecture room » et la « librairy » de l’ancien atelier de Christian Dior à Londres. La mise de table et la verrerie sont à l’unisson. On ajoute, bien sûr, la cuisine auréolée de trois étoiles à Paris du génial Pierre Gagnaire qui signe une carte renouvelée chaque saison et exécutée avec un soin d’orfèvre par le bon élève, le tyrolien formé en France, Johannès Nuding.
Au programme, des amuse bouche en folie comme un « pré vrai repas », un très digeste bouillon d’algues au gingembre et tofu qui donne envie de boire ensuite la terre entière, les petites et grandes assiettes d’inspiration italienne, carpaccio de veau façon vitello tonnato, straciatella et tomates, fenouil et moutarde de fruits comme à Crémone, gnocchi et osso bucco, jambon de Parme et olives taggiasche ou gambero rosso fumée à cru, riz noir vénéré en risotto et parmesan.
Il y a encore la variation sur le thème du printemps, les petits pois, les épinards, l’anguille, les gambas de Palamos et les asperges à l’ail sauvage avec l’oeuf croustillant. On en oublie au passage ! Il est vrai qu’on n’en finit jamais avec Pierre Gagnaire qui frise toujours le trop plein d’idées mais parvient à insuffler son énergie à une jeune équipe rodée. Le service du vin a du chic, sous l’égide du stéphanois Xavier Momein, capable de vous faire boire un « sparkling wine » british, issu du méconnu cépage seyval, un hybride cher aux pays froids, ou un gamay d’Australie de Sorrenberg, sans omettre le chablis de chez Fèvre.
Les plats « principaux » comme le turbot sauvage cuit sur l’os, avec ses crustacés anglais et français, ses oignons braisés et ses saint Jacques écossaises ou encore la grande variation sur le thème du cochon, avec un fabuleux pied de porc farci de truffe et foie gras, boudin et pommes, filet de porc mariné à la sauge et macis, poireaux grillés, moutarde et oreilles ont du coffre, de l’esprit, du tonus, du caractère.
Le maestro Mourad Mouzaz, qui veille ici à tous les étages, avec Parlour et salon de thé, boîte de nuit et dégustation diurne peut se flatter d’avoir inventé il y a quinze ans déjà un lieu qui n’existait pas. Ce qui ne l’empêche pas d’être très-très gourmand. Témoin ce monumental dessert qu’est le mille feuille rebaptisé Napoléon avec vanille et rhubarbe, plus mousse et gelée de framboise en coupe. Grandiose ? Oui, et, bien sûr, trois étoiles!