Les chuchotis du lundi : Corre vend le Petit Pergo à Alexandra Damas, Pairet à la Samaritaine, Gourcuff investit l’Opéra, Verjus au Montalembert, Sharma s’installe, Schwartz revient à Neuilly, Eataly débute, Passard l’artiste, l’Astrance passe à l’Est, d’Onghia revient
Albert Corre vend à Alexandra Damas
Après plus de 30 ans de présence rue Pergolèse, dont 17 au Petit Pergo, Albert Corre jette l’éponge. L’ancien élève de Joël Robuchon, Alain Senderens, Jacques Cagna, Paul Huyart à la Crémaillère, dans son Orléans natal, ne croit plus au métier, ni aux restaurants sans terrasse, ni aux cuisiniers « qui ne connaissent rien à la cuisine« , ni « aux serveurs qui ne savent pas servir« . Grande gueule et grand coeur, accueillant le tout-Paris dans son restaurant-galerie (le grand Charles Aznavour était un habitué), il raccroche. Envisage de s’installer à Tahiti, et vend son « Petit Pergolèse » à Alexandra Damas, qui tint elle, pendant près de deux décennies, l’adorable bistrot façon « Touchez pas au Grisbi », le Moulin à Vent- Chez Henri, rue des Fossés Saint-Bernard, dans un quartier largement sinistré économiquement et gastronomiquement (l’historique Moissonnier a carrément fermé remplacé par une boulangerie). Ironie du sort, Alexandra, qui travailla jadis au Crillon, débuta comme sommelière au … Pergolèse avec un certain Albert Corre, avant de se perfectionner à l’Arpège. Epaulée par son mari Serge Charbit, elle compte redonner du tonus à cette demeure colorée qui garde son air de galerie mouvante, ses oeuvres d’art signées Warhol, Frank Stella, Combas ou David LaChapelle.
Paul Pairet à la Samaritaine
Il est le trois étoiles à spectacle, à Shanghai, sous l’enseigne d’Ultra-Violet, avec la société chinoise « Vol » (Visual Orient Limited). Il revient à Paris, où il fit un passage éclair et plus cahotique au « Mosaïc », de l’avenue Georges V, mitoyen du Fouquet’s, puis au Zebra Square, face à la maison de la Radio. Grand voyageur, passé de Sydney à Hong Kong, via l’Indonésie et la Grande-Bretagne, Paul Pairet remet donc les pieds à Paris dans un lieu de prestige auréolée de sa neuve distinction au Michelin. Le groupe LVMH lui offre en fin d’année la possibilité de créer une brasserie moderne, créative et ludique, au dernier étage de la Samaritaine. Deux autres espaces y seront occupés par l’hôtel Cheval Blanc et sa table gastronomique, ainsi que par une brasserie gourmande au rez de chaussée.
Laurent de Gourcuff investit l’Opéra
Bruno Verjus au Montalembert
Il était le blogueur consensuel et modeux de Food Intelligence, est devenu le chef étoilé de Table, après avoir été le conseilleur de Gaggenau. Voilà désormais l’imprévisible Bruno Verjus en chef consultant au Montalembert, le discret palace, proche des éditions Gallimard, et voisin de l’hôtel du Pont Royal, qui abrite l’atelier de Joël Robuchon Saint-Germain. Ce périmètre littérairo-gourmand va comme à un gant à ce dandy esthète, gourmand passionné, qui n’a qu’une ambition: faire partager ses coups de coeur et ses passions. Dans le cadre chic et contemporain de l’hôtel Montalembert il proposera les meilleurs produits du moment, venus de toutes les régions, bien sourcés, et cuisinés au plus près de leur fraîcheur et de leur vérité. Du lundi au vendredi pour le moment, le week-end aussi avant l’été, avec une belle terrasse pour les beaux jours. Et en room service tous les jours!
Manoj Sharma s’installe
On a connu Manoj Sharma au Desi Road de la rue Dauphine et au MG Road, avant de le retrouver au Shirvan Café Métisse, en chef exécutif de la belle table exotique, très moyen-orientale d’Akrame. Manoj, qui n’a pas quitté cette dernière fonction, exerce en parallèle dans une demeure d’angle du 15e, Mama Seoul, où ce natif de Delhi, expert en cuisine indienne, et qui a travaillé à Londres chez les étoilés Vineeth Batia au Raoï et chez Amaya, joue les saveurs coréennes. Explication: son épouse Sangmi Lee est native de Corée. D’où ces exquises variations sur le thème du poulet frit et de curry (au poulet, boeuf, crevettes), ses ravioles de porc et de légumes à tomber par terre, ses tempura et ses bibimbap, servis dans un cadre de cantine de charme. Manoj est bien là le samedi où il s’active aux fourneaux et déjeune en famille. On en reparle vite.
Ludovic Schwartz revient à Neuilly
On se demandait où était passé Ludovic Schwartz. Ce bon chef, élève des grands, passé au Nikko, au Méridien Étoile, au Grand Véfour, chez Joël Robuchon au Jamin puis au Bistrot du Louvre, avant de devenir, dix-sept ans durant le chef des Menut au restaurant Garnier face à la gare Saint-Lazare et de devenir chef exécutif des bistrots du groupe, s’est installé discrètement à Neuilly, à l’enseigne de la Petite Folie, avec sa compagne Éloïse Verstraete. Pour tout savoir, cliquez là.
Eataly débute
Cela débute le 12 avril à 12h12. Et le groupe des Galeries Lafayette comme Oscar Farinetti, le fondateur de la marque, scrutent les cieux et invoquant les Dieux de la Gastronomie: si ça marche, il y aura d’autre Eataly, dans Paris, et en Province, dans de grandes villes comme Lyon, Bordeaux ou Toulouse. Pour l’heure, après un rodage en famille, l’ancienne cantine des employés du BHV tout voisin, revue et agrandie, avec ses 4000 m2 sur 4 niveaux, dont 2500 m2 de surface de vente, sont fins prêts à accueillir les amoureux de la gourmandise italienne. Au programme : des stands de dégustation dévolus aux pâtes et pizzas, des rayons épicerie proposant huile d’olive, vinaigre balsamique, vins de toute la Botte et viandes choisies par l’expert parisien, le tonitruant Yves-Marie Le Bourdonnec, qui officie déjà aux Galeries Lafayette. Le chef surpervisant l’ensemble de la restauration proposée est l’expert milanais, Massimiliano Poli, qui a pratiqué les tables fameuses de sa ville natale (Sadler, Carlo Cracco chez Peck, Sergio Mei au Four Seasons), et qu’on vit il y a peu à la Famiglia du 17e.
Passard l’artiste
Il y a le restaurant trois étoiles du 83 rue de Varenne (« l’Arpège ») et il y a « l’arrière-cuisine », une galerie d’artiste, au 57 rue de Bourgogne, qui fait découvrir Alain Passard artiste. Mais Passard artiste, Passard cuisinier, Passard roi d’un potager : c’est bien le même séducteur tranquille, gai luron et sculpteur ludique que l’on connaît face au Musée Rodin, et dans cette singulière « Arrière Cuisine » , où il vend ses collages, du moins ses reproductions sous cadre et les expose dans cette galerie proche de son restaurant cémèbre. Un tourteau en bronze jouxte là des blancs de poireaux aux pommes vertes et thé matcha, plus moult variétés potagères. Les assiettes imaginées avec la maison Henriot à Quimper et ses livres sont là en prime. Le lieu, presque secret, est ouvert de 12h à 19h, les jours d »ouverture du restaurant.
L’Astrance regarde vers l’Asie
C’est une grande table dont on ne parle guère, qui vit sa propre vie et qui garde son calme et son excellence, même si le Michelin l’a fait passer, sans crier gare, de 3 à 2 étoiles. Ces temps-ci, à l’Astrance, les clins d’oeil à l’Asie, à la Corée, au Japon, au Vietnam se multiplient, fruits, on s’en doute, des voyages de Pascal Barbot, de son attention à ce monde qui bouge. Ainsi la jolie composition sur le thème du cédrat, avec pomme et yuzu palet aux amandes ou la tartelette à la confiture de roquette en amuse-gueule, puis les asperges vertes mêlées à la papaye, cacahuète, feuille de figuier. Mais le rouget avec son riz koshihikari et l’agneau de Lozère avec son aubergine au miso, à la japonaise, regardent pareillement vers l’Est lointain.
Sébastien d’Onghia revient sur la Côte d’Azur
On se demandait où était passé Sébastien d’Onghia, fils de Stefano d’Onghia, dont le restaurant de grande cuisine italienne Il Cortile, à Mulhouse fut récompensé de deux étoiles au guide rouge. Ayant baigné de bonne heure dans la restauration avec un père qui œuvra de nombreuses saisons dans la grande hôtellerie, il fit ses études au lycée d’hôtellerie et de tourisme Alexandre Dumas, à Strasbourg avant de le rejoindre en 2001 pour ouvrir leur restaurant. Après dix-sept années, ce passionné des beaux produits entreprend une nouvelle aventure sous le soleil de la Riviera. Il devient le chef de la Villa Mauresque à Saint-Raphaël, luxueuse hôtellerie au charme exotique qui abrite un restaurant avec terrasse sur mer. Une maison et un destin à suivre…
Ah ! A chaque fois que je lis l’Astrance, c’est un peu de magie qui survient… Quelle injustice que ce déclassement… Merci à toute l’équipe pour ces moments de fulgurances… Une table tranquille et amicale, discrète et nécessaire…
vous direz à PASSARD la prochaine fois que vous le verrez que son tourteau ressemble fort à une araignée, Ah ces parigots (il est de la Guerche, je sais!)