Bootgrill
« Nice : Thierry Cornuet, « grilleur » de charme »
Une table carnassière, son concept convivial, son aubergiste généreux, l’enthousiasme des Niçois et des Monégasques : Alain Angenost, notre correspondant de la Côte d’Azur, nous dit tout…
Situé dans un lieu improbable, une zone industrielle le long du boulevard du Mercantour, le Bootgrill est un restaurant/cave à vins étonnant. Un grand parking avec de nombreux véhicules aux plaques monégasques interpelle. Dès la terrasse face aux barbecues, on a compris pourquoi la clientèle vient de si loin, la table, et l’ambiance. Thierry Cornuet en est son créateur.
Canadien originaire du sud de Montréal était venu en France pour promouvoir un sirop d’érable et un cidre de glace. Il s’est ensuite lancé dans le commerce de fruits et légumes. Malheureusement, la réussite ne fut pas comme espérée et sa situation financière commençait à s’aggraver. Un dimanche matin de juillet 2017, les effluves d’un BBQ arrivées jusqu’à la fenêtre ouverte de sa voiture lui inspirent brusquement le futur de son activité.
Rentré chez lui, il prend son « Weber », emprunte une toile de tente à un ami, des tables et des chaises en plastique et se met à faire des grillades à la place de son commerce de fruits et légumes. Au Canada comme aux USA, le BBQ est une philosophie de convivialité que les Français n’ont pas encore accrochée, d’où le succès rapide du concept par son truculent concepteur.
Maintenant, paré de sa casquette siglée maison et de sa chemise de bûcheron, il accueille avec chaleur sa clientèle et fait la cuisine comme s’il recevait des amis avec un personnel à l’unisson, sourire de la caissière compris. Voilà pour les acteurs, passons au décor. Une terrasse sans chichi prise d’assaut devant les grilleurs en action. L’un, brandit fièrement un tomahawk (magnifique pièce de viande en provenance des meilleurs fournisseurs dont les Boucheries Formia à Monaco), pendant que son collègue surveille la cuisson des poulets Jacky/Michel (sic).
Dans la salle, c’est l’évasion. Les grandes tablées, les toiles cirées Vichy, les étagères garnies de vins et spiritueux, les éclairages et objets hétéroclites fleurent bon la Nord-Américaine attitude. Sur la carte, parmi un choix de propositions bien appétissantes, gambas à la cubaine, poulpe sauce chimichurri, écrevisse de Louisiane, ribs sauce au bourbon, andouillette à l’ancienne, burger, tartare et côte de bœuf XXL, l’épaule d’agneau cuite pendant huit heures, au thym, ail, oignons, huile d’olive et sa purée truffée maison se voit plébiscitée par les amateurs.
Si les portions sont plus que généreuses (comme le caractère du patron), pensez au « doggy bag ». En entrée, la cagette de charcuterie et terrine maison, accompagnées de cornichons made in France et de tomme de Savoie de la fromagerie Lemarié ne peut faire que des heureux. Pour rester dans l’ambiance, les babas Gaspard aux raisins macérés pendant dix-huit mois ou Léa, aux pruneaux au cognac, les brownies, les cheese-cake New York style, les boules de glace et sirop d’érable raviront amplement les palais sucrés.
Notez que l’on peut y acheter de la viande ou se la faire livrer. Avec ces deux formules : « No beer, no beef = no life » et « l’authenticité est dans la simplicité », Thierry Cornuet aime résumer ainsi le lieu. Alors, comme un bonheur n’arrive jamais seul, Beef Magazine vient de lui décerner le titre de troisième meilleur restaurant de viande de France. Prochaine ouverture à Antibes et Aix-en-Provence, à suivre.