Niébé
« Paris 6e : cure vegan chez Niébé »
On vous a parlé il y a deux ans de cette table voyageuse et ludique où officiait la brésilienne Rosilène Vitorino, qui pratiquait une cuisine jouant aussi bien des rythmes latinos que des accents africains, chers à l’une des deux patronnes. Rosilène est partie pour de nouvelles aventures, remplacée par son second, également brésilien, Phelippe Pastor. Il ajoute à la partition maison et rodée toute une panoplie de plats vegans qui signent la nouvelle image du lieu.
Les saveurs évoquent toujours la mixité bondissante. Certains mets sont réussis d’autre moins – le chef qui part au milieu du service (à 13h50, lors de notre venue) peut expliquer certains ratés. Le cadre a toujours de la gaité façon atelier d’artiste et l’ensemble plaît, même si les tarifs ont pris du coffre (les plats sans viande ni poisson sont au même prix que les autres) et le menu de midi a disparu. Reste qu’on se régale avec le délicieux crabe farci avec son ragoût de poivrons flambé à la chachaça (la grande réussite maison), le ceviche de banane plantin ou encore la fraîche salade croquante de mangue verte et gambas.
Le baba ganoush d’aubergine est fade (sans assaisonnement aucun), la daurade grillée sans génie aucun, mais posée sur un amusant farofa de maïs aux herbes, le poulet yassa aux oignons confits et olives un peu sec, voire lourdingue (le confit d’oignon) et sa sauce carrément figée. Le steak de seitan (aliment fabriqué à base de protéine de blé) et tofu fumé avec légumes de saison grillés n’est franchement pas terrible. Mais le potiron rôti et tofu fumé, avec pop corn de riz noir et crème de sésame, est, dans le genre, une franche réussite.
Un bon point en tout cas, au joli choix de vins (comme l’exquise syrah dit le temps des gitans du Mas de Janiny en bio et vegan) et de bières (comme la blonde « smoke on the water » de la Brasserie du Grand Paris). Et surtout aux malicieux desserts tous réussis, par la compagne du chef : blanc-manger dit « mangiar » au lait de coco, espuma de confiture de lait et crumble de noix de cajou ou encore tarte au citron avec sa pâte sablée à la banane. Signe qu’on peut faire vegan, original et bon ! In fine, on vous offre les haricots secs porte-bonheur à mettre dans votre poche. Dommage qu’ils n’aident guère à la digestion …