3

Quand Versailles fait briller la cuisine française

Article du 8 avril 2011

Salle des batailles © GP

650 convives, 60 chefs de grand renom, et leurs assistants, 72 maîtres d’hôtel, 22 sommeliers, 5300 verres, plus de 200 magnums de champagne, 310 bouteilles de vin et 8000 fleurs: c’est le bilan de la grande soirée des chefs organisée conjointement, mercredi soir par les grands chefs des Relais & Châteaux, conjointement avec les grandes tables du monde. Pierre Troisgros était tout heureux de voir ses élèves, Mikuni de Tokyo, Jean-Michel Lorain de Joigny, Marc Haeberlin d’Illhaeusern, dressant leurs belles assiettes en commun.

Pierre Troisgros avec Kiyomi Mikuni et Jean-Michel Lorain © GP

Jaume Tapies célébrait ainsi le classement au patrimoine mondial de l’humanité du repas français, se félicitant de voir une tradition devenir un chef d’oeuvre immatériel à admirer par tous. L’historien et gastronome Jean-Robert Pitte se félicitait que les bénéfices de la soirée soient reversés à la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires (MFPCA) en vue de la création d’une Cité de la Gastronomie. Et tous les chefs du monde entier étaient là, main dans la main, pour réaliser un repas d’exception.

Marc Haberlin dressant les assiettes de JML © GP

Le homard breton était à la fête: à la feuille d’or (Mikuni), en salade aux pommes chinoises (Jean Coussau à Magescq), en carpaccio à l’argousier, avec concombre et caviar (par le danois Per Hallundbaek) ou en pressé, avec asperges, bavaroise et jus de Cointreau (Patrick Henriroux). La coquille saint jacques normande de Port-Bessin était dans tous ses états: en sashimi, aux mangues, arachides et crémeux d’araignée (Emmanuel Stroobant, le belge de Singapour), en tartare au caviar d’Aquitaine et émulsion de corail (Hélène Darroze) ou marinées au wasabi et confit d’herbes (Eric Briffard du Cinq). Le bar de ligne, les morilles de printemps, l’agneau français (le canard de Challans avec chou rouge et « bubbespiztles », les « zizis de bébé » de Marc Haeberlin ou avec endives à l’orange et compression de pommes/coing pour Marc Meurin) participaient eux aussi à la démonstration de force de la cuisine française.

Raymond Blanc de New Milton (GB) et son noeud papillon bleu/blanc/rouge © GP

Les chefs étaient italiens,allemands, autrichiens, américains, japonais, scandinaves. Mais l’esprit fortement hexagonal. Car c’est bien en France avec les produits du terroir français que les chefs du monde se sont formés à la grande cuisine tout azimut. On allait oublier que des flacons d’exception, offerts par Moët-Hennessy, participaient à la fête : un Dom Pérignon 2002, vif, frais, noiseté, formidablement vineux, un Château Cheval Blanc 2004, encore sur la réserve, avec son nez de myrtille, de cassis, de fruits noirs, sa bouche pleine et boisé, un château d’Yquem 1996, dans sa plénitude, avec ses fragrances de miel, de vanille, de pamplemousse, de coing, de cire d’abeille. Somptueux ! Et un bel hommage au roquefort signé Carles, comme aux pâtisseries et douceurs de grande tradition, imaginées par Potel et Chabot, maître d’œuvre de la soirée, et par la Pâtisserie des Rêves, tarte Tatin, Paris-Brest, omelette norvégienne, mille-feuille…

Jean-Claude Ribaut à table © GP

Les convives de ce soir de grande fête s’étaient faits à la fois gastronomes et historiens. La salle des Batailles ainsi nommée, car elle rend hommage, en inscrivant leurs noms sur les tables, à tant de grands seigneurs illustres, amiraux, connétables, officiers, généraux, morts au combat pour la France, était dévolue à une armée pacifique, enlevée par les Marcon, les Bertron, les  Portos, les Rostang, les Jeffroy, les Jacob, les Meneau, les Troisgros, les Loubet, les Pégouret, les Ansanay-Alex, qui avaient travaillé là homard, saint-jacques, morilles, bar, agneau, canard, avec une dextérité dignes de ciseleurs nouveau style. Un bel hommage pour une bien belle œuvre.

Patrick Scicard, Dominique Loiseau à table © GP

Quand Versailles fait briller la cuisine française” : 3 avis

  • Jean-Pierre

    Moi, non, mais un ami cuisinier (2 étoiles Michelin), lui oui. Le hasard a voulu que je le croise ce matin et qu’ensuite je tombe sur votre article.
    Et pour 840 €, même avec une participation reversée à des oeuvres, je préfère consacrer prochainement cette somme à m’asseoir chez Ivan Vautier et au Sa Qua Na à l’occasion du festival des AOC/AOP de Cambremer.

  • Mais vous étiez là !?

  • Jean-Pierre

    En vérité, ils n’étaient que 48 chefs (12 n’avaient pas pu venir) à cuisiner dans un couloir très étroit, un dîner qui coûtait la bagatelle de 850 € 00 (une partie a été versé à des bonnes oeuvres). Au niveau des vins, Dom Pérignon, Cheval Blanc et Yquem 1996, Cognac Hennessy … et l’infâme café Nespresso proposé (pour ne pas dire imposé) par les RC dans une grande majorité de ses établissements.

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !