La plus précieuse des marchandises, un conte de Jean-Claude Grumberg
Un bref chef d’œuvre ? C’est cela. Voilà un conte, mais si pudique, si tendre, si dense, si fort, bref bouleversant, où l’auteur de « l’Atelier » concentre son expérience de la Shoah, mais sans jamais la nommer. Le dramaturge sobre et fort se met dans la peau d’un Perrault ashkenaze. Il nous conte ainsi l’histoire d’une pauvre bûcheronne qui rêvait d’avoir un enfant et recueille une petite fille abandonnée dans un linge, ou plutôt dans un châle, lâché du bout des doigts, depuis un wagon à bestiaux qui file à travers la campagne. Attention : nous sommes en Pologne en février 1943. On ne vous dira pas plus. Mais sachez qu’il y a là une économie de mots si forte, si prenante, que le lecteur, happé dès les premières lignes, ne retient qu’à peine son souffle et suit les destins douloureux et croisés de la bûcheronne, de son mari, de l’enfant trouvé de sa famille perdue quoique pas tant que ça… Mais chut, ce bref conte là ne se livre qu’à pas menus, qu’à mots feutrés. Emotion garantie et morale tenue.
La plus précieuse des marchandises : un conte de Jean-Claude Grumberg (Seuil, 112 pages, 12 €).
Magnifique, a lire absolument