Les vies secrètes de Dominique Bona

Article du 24 janvier 2019

Des « vies secrètes« ? Celles des personnages, dont elle rédigea la biographie, de Romain Gary à Camille Claudel, des soeurs Hérédia aux soeurs Rouart, de Clara Malraux à Gala, égérie d’Eluard, muse de Dali, fleur noire et vénéneuse, démoniaque séductrice et source d’énergie, de Colette à Stefan Zweig, de Berthe Morisot à Paul Valéry. Amoureuses au secret, femmes blessées, écrivains meurtris ou maudits, rarement heureux: sa galerie de portraits s’explique et se raconte ici avec brio et franchose. Dominique Bona que l’on suit qu’on suit depuis « Heures Volées » en 1981, en passant par « Malika » et « Berthe Morisot, le secret de la femme en noir » (qui lui valut le Goncourt de la biographie en 2000), ne se livre guère qu’en biais ou en prisme, du moins à travers les autres.

Elle dresse les jolis portraits en creux de ceux qui l’ont influencée ou marquée, ainsi Jean-Marie Rouart, dans son appartement artiste de la rue du Cherche-Midi, qui ouvrit les portes de l’univers impressionnistes, croqué en chien fou, romancier passionné, héritier à la fois volubile et déchu d’une famille prolifique, Simone Gallimard, tenant salon place Furstemberg et jouant les dames d’influence pour ses auteurs du Mercure de France, et, in fine, François Nourissier, dessiné à traits vifs, dans sa maison de la rue Henri-Heine, en éminence grise des lettres, puis en orateur douloureux à Nancy, torturé par « Miss P », au regard fragile, perdu, exténué, quoique pas tant que ça, lui livrant cette confidence : »c’est par la biographie que vous nous livrez les secrets de votre coeur« . Riche, dense, cette fausse confession pour amoureux des livres se lit avec délectation.

Mes vies secrètes de Dominique Bona (Gallimard, 318 pages, 20 €).

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Publié le 24 janvier 2019 par

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